Temple of Maia

Halehan

autoproduction – 2017
par Amaury, le 10 mars 2017
7

À la première approche des productions de Halehan, on s’est dit que l’on se confrontait encore à une pop-folk très commerciale et très affectée, mais ce sentiment a tout de suite été corrigé par le talent de l’artiste, dont les allures de belieber nous avaient certainement induit en erreur. Une sorte de déséquilibre, de contradiction que le chanteur porte en lui-même, comme en témoigne son embarras sur la scène du Reflektor, devant une salle qui l’impressionne et qu’il va pourtant recouvrir d’un silence stupéfait, sur une chute de trois notes.

En ouvrant l’EP, « Maia » calme le jeu avec autant d’intensité. L’effort semble simple et connu, répété, une foutue recette dont usent tous les groupes qui tentent une ascension dans les sphères du cool. Mais l’ambiance prend progressivement plus de profondeur, vers un noyau proche de ce qu’ont pu produire les Girls in Hawaii, en se teintant du psychédélisme qui anime le « Because » des Beatles. On pourrait dire qu’il s’agit d’une constante sur cet EP. Alors que « Whirlwind » roule dans le respect des gestes posés par Daughter, le titre semble pouvoir à tout instant tomber dans le piège pop des Lumineers, sans jamais perdre cet équilibre précaire.

Et Halehan parvient à éviter le piège des refrains plats et des affects poussés trop loin. La vibration de ses notes, ses souffles étirés, le groove d’une voix prise entre vocalises et soupirs, forment une épaisseur vibrante. Histoire de retarder l’usure de l’acoustique, « Snow » apporte un regain électrique au travers des ondes expérimentales de Walter Cornelius. Toujours par un minimalisme dense, l’EP peut alors briller dans un rayonnement qui étire ses forces jusqu’à leur détonation soultronic. « Feather Light » et « Dragonflies » terminent la narration sur un diptyque purement folk dont les émotions se répondent. Le premier très naïf s’éteint avec le second, sur une implication inspirée.

Avec Temple of Maia, le Belge originaire de Linkebeek vient de distiller une grande part de beauté à l’aide d’une folk vibrante qui trouve sa force dans un équilibre fragile, tentant d’être toujours plus sur le fil. Reste à Halehan de bousculer encore un peu ce funambule pour qu’il puisse trouver le véritable sacre que seule une chute manquée pourra lui offrir.