Seven Keys to the Discomfort of Being

Predatory Void

Century Media – 2023
par Guigui, le 19 mai 2023
8

Que faire lorsque vous avez des compositions sous le coude qui ne correspondent pas aux univers musicaux de vos groupes respectifs ? Vous montez le projet dans lequel vous pourrez exprimer ces idées voire positionner celui-ci comme nouvelle référence d’un genre. C’est exactement ce qu’a entrepris Lennart Bossu alors qu'Oathbreaker est en standby et que l’approche musicale du groupe dont il est question ici se trouve, si pas aux antipodes, au moins sur des voies quelque peu annexes à celles développées par son autre formation principale, Amenra.

À une sacrée croisée des chemins entre le black metal, le sludge, le doom et le (post) hardcore, Seven Keys to the Discomfort of Being est le premier album de cette nouvelle formation pour laquelle le guitariste flamand a su s’entourer de musiciens de choix comme Tim De Gieter (Amenra, Doodseskader) à la basse, Thijs De Cloedt (Cobra The Impaler) à la seconde guitare, Vincent Verstrepen (Carnation) à la batterie et surtout Lina R (Cross Bringer, groupe de black metal d’une richesse incroyable) pour des parties vocales aussi arrachées que gracieuses, ce qui colle d’ailleurs bougrement bien à l’ensemble. Voilà ce qui, sur le papier, pourrait donc s’apparenter à ce qu’on appelle un « super groupe ». Mais si ce terme sied davantage à une réunion de zicos capitalisant sur leurs expériences dans le but de vendre du disque seulement sur cette base, il n’en est rien ici tant Predatory Void se présente comme une entité ayant un univers authentique à proposer, et cela d’entrée de jeu.

En effet, dès les premières notes de "Grovel", on comprend que le lissage ne sera pas de mise sur cet album. C’est d’une production rugueuse (signée par le Much Luv Studio du bassiste) que les morceaux seront enrobés. Un choix judicieux à plus d’un titre puisque celle-ci rend justice à la puissance des compositions mais permet également une meilleure mise en évidence des passages harmonieux chargés de sombres émotions. "Endless Return to the Kingdom of Sleep" en est d’ailleurs un excellent exemple avec ses guitares dissonantes qui offrent un tapis d’expression à une chanteuse entamant les hostilités dans une voix claire qui n’est pas sans rappeler celle de Laura Pleasants (Kylesa) avant de partir dans des envolées black metal pur jus. Que dire aussi de la beauté du titre "Seeds of Frustration" ? Ce morceau dark folk épuré représente la pause douceur parfaite dans un album d’une forte intensité. Et d’intensité il sera question sur "Funerary Vision", titre qui clôt l’album en synthétisant dans un certain sens tout ce que le groupe a pu démontrer durant les 6 pistes précédentes.

Au fur et à mesure, Predatory Void salue des formations majeures comme Thou, Alcest, King Woman, Liturgy ou Swans mais tout en faisant montre d’une véritable personnalité à travers des compositions riches de sens. Le groupe a véritablement quelque chose à offrir et ne fait pas qu’appliquer les banales recettes des styles qu’il aborde. Un album qui sent aussi bien le soufre qu’un doux parfum plus qu’appréciable et dont la nature n’est pas encore déterminée.   

Le goût des autres :