Part of the Weekend Never Dies

Soulwax

PIAS – 2008
par Jeff, le 27 octobre 2008
8

Lorsque l'on demande à une personne ayant un minimum de bagage musical de citer un artiste ou une formation ayant, ces dernières années, établi un pont solide entre rock et électro, les chances de voir celle-ci vous balancer tout de go le nom de Daft Punk sont énormes. Il faut dire qu'aux côtés des Chemical Brothers, le duo français fut parmi les premiers à faire les yeux doux aux amateurs du triptyque mythique guitare/basse/batterie. Et si l'influence des Daft et des frères chimiques ne peut être ignorée, il serait bon de rajouter à cette liste de noms ceux des frères gantois Stephen et David Dewaele. A l'origine formation de rock couillu influencée par Led Zep et Kyuss, Soulwax a entamé une lente mutation qui s'est finalement traduite par le remixage pur et simple au format électro d'un des albums du groupe – Nite Versions était né. Par ailleurs, à l'origine DJ's à leurs heures perdues et producteurs de mash up improbables (Nirvana vs Destiny's Child par exemple), les frères Dewaele, sous le pseudonyme 2 Many Dj's, allaient rapidement devenir les DJ's les plus courus de la planète, autant demandés par les organisateurs des plus grands festivals que par les promoteurs des clubs les plus chicos. Y'a pas à dire, ce n'est plus un pont entre deux univers que l'on tient là, mais bien un viaduc!

Réalisé (ou plutôt 'clippé') par Saam Farahmand, Part Of The Weekend Never Dies se propose donc de résumer en quelques heures cet état de fait. Pour ce faire, le réalisateur anglais, armé d'une seule et unique caméra (un exploit qu'il faut souligner au vu du résultat), a suivi pendant de nombreux mois les gars de Soulwax, alors qu'ils emmenait sur les routes du monde entier leur projet Radio Soulwax (soit Soulwax Nite Versions + 2 Many DJ's + des artistes proches du groupe comme LCD Soundsystem, Vitalic ou les Klaxons). Le résultat, c'est d'abord un concert (Nite Versions Live At Fabric & 120 Other Locations) qui retranscrit à merveille l'énergie qu'insuffle Soulwax à son live et prouve, par les nombreuses petites modifications qu'ont connu les titres de Nite Versions au fil des prestations, que la formation belge n'est pas du genre à jouer la carte de l'immobilisme – c'est le cas de le dire quand on voit la réaction d'un public qui se prend en pleine poire des titres alliant la puissance du (hard) rock et ces montées en puissance absolument destructrices que seule l'électro permet de produire.

Mais le véritable intérêt de Part Of The Weekend Never Dies réside évidemment dans le documentaire d'une bonne heure qui accompagne le concert et qui permet de mieux comprendre le phénomène Soulwax/2 Many DJ's. Alternant montage épileptique (à ce titre, la partie du docu réservée aux 2 Many DJ's est assez fascinante) et longs plans circulaires, Saam Farahmand nous donne un aperçu précis de ce à quoi doit ressembler la vie des frères Dewaele, véritable stakhanovistes qui ont décidé de consacrer tout leur temps à la musique. Part Of The Weekend Never Dies, c'est donc des concerts enflammés, des voyages chiantissimes, des moments de solitude, un public extatique et des grands moments de décadence toute wock'n'woll en-veux-tu-en-voilà. Et qui de mieux pour donner consistance et pertinence à ce déluge d'images que les principaux intéressés et ceux qui les côtoient le plus? C'est donc une belle brochette de people que l'on croise sur Part of The Weekend Never Dies, pour des déclarations qui vont de l'anecdotique (la clique Ed Banger) au finement observé (James Murphy et Nancy Whang, chevilles ouvrières de LCD Soundystem) en passant par l'amusant (Tiga) et qui permettront au spectateur de pénétrer l'esprit de deux artistes à l'incommensurable talent.

A l'arrivée, Part Of The Weekend Never Dies, c'est moins un documentaire sacrément bien ficelé que le miroir d'une génération qui a progressivement fait tomber toutes les cloisons qui l'entouraient pour permettre la création d'entités protéiformes dont Soulwax est la plus magnifique incarnation. Et puis, regarder ce DVD, c'est l'assurance d'en ressortir avec une envie assez folle d'enfiler votre plus beau t-shirt, de siffler quelques bières en vitesse avec des potes et filer en direction pour le club le plus proche, en espérant que le DJ soit en mesure de vous emmener vers ces sommets d'extase généralement atteins lorsque les frères Dewaele sont dans les parages…