Brûler le feu

Juliette Armanet

Barclay – 2021
par Amaury S, le 26 novembre 2021
6

En 2017, Petite Amie débarque sur nos platines et c’est la révélation. Une voix cristalline, des mélodies dignes de Véronique Sanson ou de Michel Berger et cette façon de croquer les tribulations sentimentales avec ce qu’il faut d’espièglerie : Juliette Armanet braque le cœur des amateurs et amatrices de chanson française et enchaîne récompenses et collaborations prestigieuses.

Quatre ans plus tard, elle annonce son nouvel album intitulé Brûler le feu et dès les premiers visuels et le premier extrait "Le Dernier Jour du Disco", la note d'intention est claire : pousser les potards à fond dans le flamboyant, le dansant, le passionné, quitte à en frôler le kitsch. Et sur ce premier morceau, le cocktail détonne. Le piano classieux, les effets de voix, le petit beat dansant et ce texte mièvre comme il faut nous entraînent dans des envies de play-back et de danses aussi jouissives que régressives.

Le hic, c'est qu'il est compliqué de tenir une telle ligne sur tout un album. L'une des richesses de Petite Amie était justement la différence de registre et de ton entre les titres (qu'on imagine écrit sur plusieurs années). Dans Brûler le feu, l'univers musical monochrome, groove et disco, et le premier degré permanent dans les paroles étouffent plutôt qu'ils n'embrasent l'auditeur·rice. 

Évidemment, parce que c'est une autrice-compositrice talentueuse, le disque comporte quelques pépites : "Tu me play" qui pousse le délire encore un peu plus loin que le premier extrait, ou encore les très délicats "L'Épine" ou "Je ne pense qu'à ça" qui nous évoquent Christophe ou la meilleure période d'Axelle Red. Malheureusement, l'album comporte aussi de gros ratés : un "Boum Boum Baby" qui singe le "It Ain't Over 'Til It's Over" de Lenny Kravitz, "Je t'le donne" qui tente une orchestration 60's un peu en décalage et surtout une chanson d'anniversaire "HB2U" presque gênante. 

On le sait, le second album est souvent le plus compliqué tant on a investi et peaufiné l'œuvre matricielle. Il faut reconnaître à Juliette Armanet d'avoir fait un choix audacieux dans cet exercice délicat, quand bien même tout n'est pas réussi. On se rassurera en sachant que la native de Lille reste avant tout une artiste à découvrir sur scène et en réalisant que du haut de ses 37 ans elle a encore beaucoup de belles chansons à nous offrir.