Bittersüss

MIA

Sub Static – 2007
par Simon, le 28 mai 2007
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L’histoire se déroule à la lisière d’un bois, ou peut-être au bord d’un lac ; ce qui est sûr c’est que l’endroit est brumeux, l’air rempli de tension. Entre deux volutes de fumée apparaît une jeune ondine, dont la voix semble trahir une évidente fragilité. La scène a tout d’un rite sacré, la belle emmène dans sa danse la ferme intention d’envoûter les éléments au moyen de rythmes défaits, profondément hypnotiques, qui mute dans un tableau aux contours oniriques et sensuels. La transe est maintenant engagée, sans en connaître encore la raison, je me languis de découvrir les fondements d’un rite initiatique qui paraît encore hésiter entre orgie sonore destructrice et sentiments les plus nobles. Je ressens de la culpabilité, culpabilité d’avoir pénétré l’intimité de cette femme dont la démarche semblait si sincère envers le monde qui l’entourait. Voilà qu’elle se met à danser au ralenti, c’est tout un microcosme qui s’envole avec elle, qui danse dans la même cadence sur des mélopées dont la veine a été préalablement filtrée de sa moindre impureté. Nappes hypnotiques dont la répétition à l’infini semble nourrir l’air lui-même, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus en absorber une moindre dose, saturé. C’est alors que se révèle peu à peu l’étrange destinée de cette pièce enivrante : éphémère, elle puise dans ses moindres ressources la volonté d’épurer les choses pour rendre au son sa superbe originelle. Je comprends dès lors mieux les jeux auxquels s’adonne avec autant d’implication cette nymphe venue d’on ne sait où: Les sonorités s’écroulent, et se relèvent aussitôt ; crachent, et respirent en même temps ; se compressent, se tordent, jusqu’à une déchirure qui ne viendra jamais. La belle est partout et nulle part à la fois. Mais déjà le silence semble reprendre à ces lieux la propriété qui était sienne auparavant, je ne vois plus rien, les sens abusés. Ange ou démon ? Personne ne le saura jamais. Je suis persuadé que cette dame avait quelque chose d’humain au fond, je me le répète tout bas alors que tout semble avoir repris son cours normal tout autour de moi, je ne sais même plus pourquoi je me suis trouvé là, me revoyant encore danser au milieu d’un néant répondant à un charme tout baudelairien car ici, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté.