Begone Dull Care

Junior Boys

Domino Records – 2009
par Julien, le 11 mai 2009
8

En 1999, au moment des premiers essais de Junior Boys, pas mal de professionnels ont dû rigoler : « c'est quoi ces claviers ? Pet Shop Boys et Simple Minds c'est fini les gars. Et ce nom, d'où vous le tirez ? C'est franchement ringardos». Trois albums plus tard, on est au bord de les consacrer meilleur groupe electro-pop du monde. Et on les bénit d'avoir usé d'autant d'abnégation. Jeremy Greenspan et Matthew Didemus sont comme on dit de vrais idéologues : ils ont toujours eu foi en leurs synthés, en leurs chansons romantiques, et leur succès n'en est que plus mérité. Il y a chez eux une évidente authenticité, quelque chose d'honnête et presque bonhomme, qui tranche avec ces troupeaux de minots qui se réclament de la synth-pop alors même qu'ils n'en écoutent que depuis un an ou deux.

Junior Boys trace sa ligne de carrière clairement, droitement, sans faiblir ; Last Exit en 2004, So This Is Goodbye en 2006 et aujourd'hui Begone Dull Care sont trois excellents disques, irréprochables dans leur réalisation et émouvants dans leur expression.

Begone Dull Care est un album qui enfonce le clou, vous l'aurez compris. Il ne vise pas tant à titiller le buzz qu'à installer le groupe dans une démarche à plus long terme, solide et durable. Rien de très neuf sous le soleil, disparition quasi totale des oripeaux techno. Tout chez Junior Boys n'est plus que white disco, groove ralenti et mélodies élégiaques. Jeremy Greenspan chante toujours comme un Dieu, tout en féminité et en justesse.

On pourrait a priori regretter la faible durée de l'album, 8 titres et seulement 47 minutes, mais tout est dit dans cet espace-là. On est loin des disques qui compilent les titres aveuglément, qui remplissent les galettes à ras bord pour, dixit, qu'on en ait pour son argent. L'argent est rare ces temps-ci, raison de plus pour le destiner à des objets finis et cohérents. Les grands films sont ceux qui n'ont pas un plan de trop (à l'inverse, les dvds baltringues avec trois heures de bonus), les grands livres sont ceux qui ne laissent aucune idée en sursis (pas ceux qui se saisissent d'une actualité pour en tirer les mamelles), pourquoi en serait-il différent pour un disque ? Concis et formellement sublime, Begone Dull Care fait bien partie de la race de ces albums qui, la tête haute, ne sont pas prêts de vieillir.

Le goût des autres :