Album

Girls

Fantasy Trashcan – 2009
par Julien, le 10 octobre 2009
8

A priori, il n'était pas facile de savoir si l'Album de Girls méritait vraiment notre attention. Des mecs qui s'appellent "Filles" et qui créent un buzz sorti de nulle part avec une attitude vaguement émo, vaguement Sofia Coppolienne, nous avions de quoi être perplexe.s Tout au moins pouvions nous raisonnablement penser pouvoir laisser les médias plus généralistes s'emparer du phénomène en nous en lavant tranquillement les mains. Mais quand Pitchfork met 9,1/10 à un disque on se dit que quand même, il doit y avoir un truc. Et effectivement, la lecture d'Album de quelques secondes entamée, on a déjà envie de devenir fan sur Facebook.

Sans donc être des suiveurs de hype, le duo formé par le songwriter Christopher Owens et le producteur Chet Jr White nous a tout de suite ébranlé. Et peut-être pas pour les mêmes raisons que les jeunes filles en fleur qui se sont déjà tatoué le nom de Chris sur le corps : Girls nous fend le cœur seulement parce que ses chansons sont simples et bouleversantes avec leur mélange de blues old-school, de shoegaze incandescent et d'indie-rock plus contemporain. Ce que nous aimons à la folie chez eux, c'est l'insouciance avec laquelle ils brassent ces influences plurielles pour nous donner à la gueule un truc inédit mais pas trop ambitieux, bien écrit mais surtout vibrant d'émotions. Chris, avec la vie de chien qu'il a eu – élevé dans la secte des Enfants de Dieu où la mère se prostituait, s'autodétruisant plus tard dans les drogues et les fugues parmi les punks – aurait pu écrire des monuments de pathos. Il n'en est rien : il parle d'amitié, d'amour, franchement naïvement, mais guidé par l'espoir et l'envie, le désir et l'énergie incroyable de se refaire un peu.

Toute la musique de Girls semble comme poussée vers l'avant, dans une grisante quête d'avenir. Christopher Owens est un chanteur poignant, entre Buddy Holly et Hamilton Leithauser (The Walkmen). Au fond, ce qu'il raconte nous intéresse peu, mais sa façon de l'exprimer nous colle des frissons. Et que dire de ses chansons... "Laura", "Ghost Mouth", "Headache" ou "Morning Light" sont tellement formidables qu'on oubliera presque les quelques impasses ou facilités d'Album. Qui au final n'est étonnamment pas un disque tellement vendeur, ni un classique en devenir, mais qui vaut en fait simplement pour son incroyable et incontrôlée décharge sentimentale. Et franchement, on aurait pas imaginé se faire prendre comme ça.

Le goût des autres :
7 Julien Gas 7 Nicolas 8 Soul Brotha 8 Adrien 8 Thibaut 8 Laurent 7 Amaury L