Concert

Les Ardentes

Liège, Parc Astrid, le 9 juillet 2009
par Jeff, le 20 juillet 2009

Metronomy
Jour 1 / HF6 / 21.30 – 22.30

Les gars de Metronomy aiment la Belgique et ils ne manquent pas de le rappeler à leur public à chacune de leurs incursions sur le territoire. Et si à ce stade des débats, le fan de base connaît son Nights Out sur le bout des doigts et a eu l’opportunité de voir la bande à Joseph Mount au moins quatre fois en douze mois, le véritable intérêt de cette prestation résidait dans le nouveau line-up du groupe (l’ajout d’un batteur et d’un bassiste suite au départ du claviériste Gabriel Stebbing), testé aux Nuits Bota il y a quelques semaines et découvert par votre serviteur aux Ardentes. Les échos de la prestation du groupe au festival bruxellois étaient assez mitigées, parlant d’une formule à perfectionner. Et à en juger par la prestation liégeoise de Metronomy ce jeudi, la période de rodage va encore devoir se poursuivre avant que l’on puisse vraiment parler d’une réussite à la hauteur du disque à défendre. Parce qu’à l’heure d’aujourd’hui, si on ne peut critiquer l’ajout d’un batteur qui donne aux compositions de Mount une pêche indéniable et rapproche un peu plus encore le groupe de la sphère du rock, on se doit d'émettre quelques doutes quant au choix du bassiste, un croisement maladroit entre Grace Jones et Carl Lewis qui a passé le concert à courir derrière le groupe, se permettant même le luxe de massacrer quelques morceaux. Un groupe en sursis donc…

Mogwai
Jour 1 / HF6 / 23.00-00.00

Voilà encore une bien belle pépite que nous ont dégoté les organisateurs des Ardentes, pour un public qui ne s’attendait peut-être pas à se prendre une telle claque, là tout de suite. Opter pour Mogwai en festival est l’assurance d’un choix singulier, une occasion de faire saigner ses tympans de manière élégante plutôt que d’aller cuver une bière de plus au bar au son d’un groupe qui vous est largement indifférent. Car de l’attention il en a fallu pour percer ces murs de distorsion, en capter les nuances infinies tout en appréciant le jeu de scène des cinq Ecossais abusant largement des retours pour faire hurler le son. En effet, la musique de Mogwai ne joue jamais les filles faciles et aime qu’on la contemple de haut en bas pour se délecter de ses formes abruptes et rugueuses, jusqu’à en oublier finalement sa propre raison et craquer à prendre le son brut de décoffrage, dans les dents, juste pour le plaisir du plaisir. Et si la salle, très largement remplie, comptait parmi ses premiers rangs des fans de la première heure, il ne fait aucun doute qu’une large partie de l’auditorat prenait là sa première branlée signée Mogwai ; preuve à nouveau que le post rock, joué à ce niveau de maestria, possède cette vocation universelle, qui vous fait lever les bras et pleurer les oreilles au son d’une même décharge de guitare.

Emiliana Torrini
Jour 1 / Parc / 23.45-01.00

Renfort de dernière minute censé pallier la défection de l’instable diva Lauryn Hill, la craquante Emiliana Torrini avait la lourde tâche de clôturer cette première journée des Ardentes sur la grande scène. "This is the first time we're headlining anything" nous balance ainsi la frêle Islandaise d'entrée de jeu, comme pour mieux faire baisser la pression. Pourtant, peut-être stressée par l'enjeu ou malmenée par l'accueil très poli d'un public liégeois plus enclin à tailler le bout de gras en sirotant une chope qu'à écouter religieusement le folk aussi délicat que léché de la belle, Emiliana Torrini a livré une prestation en demi-teinte, là où ses récents passages bruxellois ou parisiens nous avaient laissés un excellent souvenir, celui d’une artiste ultra talentueuse et toujours encline à installer une véritable complicité avec son public grâce à ses vannes à trois balles sur son groupe, ses fringues ou sa vie. Ce jeudi, le public des Ardentes a malheureusement dû se contenter du minimum syndical, malgré quelques excellentes interprétations de ses deux indispensables derniers albums, The Fisherman’s Woman et Me & Armini.

Grandmaster Flash
Jour 1 / HF6 / 00.30-02.30

Quelque part, dans les bacs d’un disquaire pas trop loin de chez vous, on trouve une quadruple compilation qui doit probablement s’intituler « Hip Hop’s Greatest Bangers » ou « The Biggest Rap Anthems of All Time ». Un truc complètement scandaleux, sans la moindre surprise, mais capable de vous faire danser sur votre tête en quelques minutes à peine. Et cette vieille canaille de Grandmaster Flash possède plus que probablement cette magnifique compilation, elle qui constitue la base inaltérable de son DJ set. Si je ne ferai pas l’affront d’expliquer qui est Grandmaster Flash à nos lecteurs férus de hip hop, que les autres sachent quand même qu’avec « The Message » et son refrain mythique ‘It's like a jungle sometimes, it makes me wonder how I keep from going under’, ce natif de la Barbade a été élevé au rang de légende dans le milieu. Et si Grandmaster Flash continue de produire des disques dont tout le monde ou presque se fout pour le réputé label Strut Records, notamment responsable des indispensables compilations Disco Not Disco, il est difficile de rester indifférent face à l’avalanche de tubes balancées par le producteur de NYC ce jeudi, évidemment ponctuée par un hommage appuyé à Michael Jackson et entrecoupée de passages rock un brin pompiers. En un peu moins de deux heures, ce n’est ni plus ni moins que l’histoire du hip hop qui a été récitée sur le bout des doigts par un mec qui maîtrise son sujet comme personne. Du « Slam » de ONYX au « What’s My Name ? » de Snoop Dogg en passant par les plus grands tubes de Dr Dre, M.O.P., Cypress Hill ou A Tribe Called Quest, Grandmaster Flash a fait vivre a un HF6 passablement bondé et humide comme le slip d'une adolescente devant une photo de Zack Efron son premier moment de folie furieuse. Purement et simplement joussif.