Dossier

TOP ALBUMS 2011

par Jeff, le 3 janvier 2012
  • 21.Live At Robert JohnsonDixon

    Live At Robert Johnson – qu'on parle ici du club ou du label - fait front une dernière fois en nous offrant son plus beau joyau, son résident de toujours, l'homme qui a amorcé avec son cercle d'amis le revival deep-house. La sélection de Dixon a la réserve des grands, le groove des vieux et l'instinct des fous. Entre ses nombreux edits et ses potes inconnus (si on exclut Agoria, Âme et les présences tout à fait métamorphosées de Mark E et Todd Terje), il y a trop à dire. Trop de beauté, trop de velours, trop de précision deep-house.

  • 22.SepalcureSepalcure

    On ne s'y trompe pas trop en se fiant à sa pochette : le UK Garage de Sepalcure a tout du truc rose bonbon et girly qu'on écoute pas trop fort dans le bus par peur d'attirer le regard gênant de l'autre. Il apparaît pourtant difficile de ne pas tomber amoureux de cette version émo et profondément charnelle des projets respectifs de ses deux membres, Machinedrum et Praveen, qui invoquent dans le même saladier Hugh Grant, Bollywood, et un FaltyDL grimé en pimp de luxe pour ce premier album plein de vie et délicieusement euphorisant. 

  • 23.Father, Son, Holy GhostGirls

    Un album pour l'été. A écouter un soir de juillet en roulant vitres ouvertes en bord de mer quand l'asphalte renvoie encore la chaleur du soleil accumulée durant la journée. Le lyrisme est assumé : orgue, solos de guitare épiques, choeurs féminins, mode mineur intégral. Ce qui pourrait friser le ridicule ou le fadasse se fait ici poignant et inspiré, à l'image des paroles, à la fois naïves et ô combien sincères et honnêtes, du désespoir et de la recherche de l'amour du leader de Girls.

  • 24.UndunThe Roots

    Œuvre de genre esthétiquement et musicalement sans fausse note, Undun est une réussite totale qui tend à prouver une fois de plus que les futs de ?uestlove ne sont décidemment pas du même bois que celui de ses concurrents. Disque quasi-cinématographique qui vise à s'affranchir de l'étiquette rap, il est aussi l'album le plus court des Roots à ce jour, trocant sa réglementaire heure de musique contre quarante minutes bien pesées. Et que celui qui pense que quantité rime avec qualité nous jète la première pierre. Car croyez nous, ce n'est que pour le mieux.

  • 25.Strange MercySt Vincent

    Annie Clark est la solution à la famine subsaharienne, le remède au cancer de la prostate, le sparadrap de la couche d'ozone. On aurait voulu vous convaincre que cela n'est pas aussi simple, qu'il y a du pour et du contre, que la demoiselle a aussi des failles mais voilà, on ne peut pas. Rythmiques ambigües, voix diluée, érotisme diffus… St. Vincent distribue ses atouts à travers des mélodies millimétrées sans perdre de vue que la pop exige de la légèreté pour conserver l'attention. Un habile exercice de contrepoids qui assure à Strange Mercy sa place parmi les coups de cœur de cette année 2011. Et un peu plus si affinités…

  • 26.Celestial LineageWolves In The Throne Room

    La limite entre la singerie et la démonstration de force est faible, mais c'est bien cela qui fait de Wolves In The Throne Room l'une des formations les plus emblématiques du black metal en 2011 : des sections rythmiques affolantes (et c'est peu de le dire), des claviers un poil pathos sur des guitares qui puent la catharsis permanente. Ca double-blast à tout-va, ça grimpe d'étage en étage pour finalement tout lâcher au sommet de la montagne. Vous l'aurez compris, on tient là un disque essentiel qui clôt un des plus beaux chapitres du black metal contemporain. Un véritable must-have.

  • 27.Black UpShabazz Palaces

    Avec Black Up, Palaceer Lazaro n'est pas venu pour lâcher de la punchline qui fait sourire et pondre des beats qui font bouncer. Dans ce magma finalement très minimaliste, Shabazz Palaces s'impose comme une sorte d'anti-Spank Rock, une petite pilule noire qui vous refile un cafard pas possible et vous donne l'impression que le Jugement Dernier n'est plus qu'à quelques beats de là. Imprévisible et anticonformiste, lent et mystique, décomplexé et angoissant. Ce disque est beaucoup de choses à la fois. Mais surtout, Black Up s'affranchit de tous les codes en vigueur pour se muter en à peu près tout ce que le hip hop n'est pas en 2011 – ce qui est plutôt une bonne chose quand celui-ci a un peu trop tendance à s'uniformiser.

  • 28.Veronica FallsVeronica Falls

    La description candide et romantique de l'amour qui ressort comme un des thèmes centraux à l'écoute de cet album renvoie aux premiers émois et à cette vision idyllique du sentiment amoureux que l'on a tous ressentis, et on pourrait alors tomber dans les pires travers de la twee pop. Il n'en sera rien, bien au contraire. Le sentiment n'est pas encore corrodé par les complexités de la réalité et garde en cela une puissance émotionelle qui touche dans le mille, à savoir en plein coeur. L'autre tour de force de Veronica Falls est d'arriver à ce que tant de groupes cherchent sans y parvenir. Ecrire des chansons simples, immédiates, de petites pop-songs parfaites qui n'ont pas à rougir la comparaison avec les classiques du genre. En somme des standards intemporels.

  • 29.DioramaDominik Eulberg

    Dès la première écoute de Diorama, c'est le coup de massue sur la tête. Les lignes sont extrêmement colorées, mélancoliques et extrêmement mélodiques. L'ouverture est un florilège d'electronica légère, la techno a disparu, pour l'instant. Une sorte de fusion habile entre Mondkopf, Fairmont, Luke Abott et James Holden. Jamais Dominik Eulberg ne nous avait habitué à tant de chatoiements, et que la tension étant égale, on plonge vraiment ici dans la luxure sonore. L'écoute de cette plaque est véritablement essentielle.

  • 30.Liquid Love The Experimental Tropic Blues Band

    Liquid Love, ce sont douze déflagrations éjaculées en 35 minutes, sorties à grands coups de râles profondément bestiaux, et passant par des urêtres brûlés au whisky. Et puis le docteur Jon Spencer, en sa qualité de producteur de luxe, sait faire ressortir le meilleur des lascars avec sa palette de spéculums, du gros modèle "Pussy Galore" au petit frétillant "Heavy Trash" en passant par la version mécanique "Suicide" et la vintage "Phil Spector". Lâché dans New York, The Experimental Tropic Blues Band déborde d'énergie adolescente, lève les bras, baise les moches, passe des booty calls et nous colle une foreuse sur la tempe en nous forçant à regarder un viol collectif à la bite électrique.