DJ Diaki, nouvelle pépite dénichée par les fifous de chez Nyege Nyege Tapes

par Aurélien, le 21 janvier 2020

Si vous pensiez que personne ne pourrait remplacer DJ Rashad dans votre petit cœur d'amateur de musiques épileptiques, détrompez-vous : chez Nyege Nyege Tapes, on a de très beaux arguments à faire valoir, plus extrêmes encore que ceux avancés par la regrettée icône de Chicago. Car écouter un disque de Jay Mitta ou de Sisso, c'est un peu comme laisser ton cousin jouer sur tes platines de salon ses MP3 d'Aya Nakamura à un BPM à ce point accéléré que "Djadja" ne ressemble plus à une balade pop urbaine sucrée, mais plutôt à un banger des enfers, exécuté dans une fureur quasi-footwork. Vous avez l'image ? OK, maintenant on peut parler.

La philosophie du label de Kampala (c'est en Ouganda) est simple : aligner une panoplie d'artistes africains qui ont à cœur de faire transpirer leurs machines, de les emmener vers ce qu'elles ont de plus tribal en exacerbant les boucles, en cassant les rythmes jusqu'à ce que les BPM et le battement de cœur des pauvres mortels sur la piste de danse soient totalement synchronisés, indissociables l'un de l'autre. C'est aussi déconcertant que jouissif, et on s'étonne assez peu que cette troupe de doux-dingues se soit attiré les faveurs d'Errorsmith, jamais le dernier lorsqu'il s'agit d'enchaîner les zumbas pas avares en pétages de plombs analogiques - un propos confirmé par sa courte mais indispensable apparition sur l'excellent At The Villa paru l'an dernier.

Si on prend le temps de vous causer de cette clique de fifous qui n'ont aucune intention de calmer le rythme, c'est aussi parce que l'intégrité du label fait un bien fou : si sa ligne directrice se veut sans concession, c'est sa capacité à dénicher des artistes sur le continent africain qui donne à cette entreprise toute sa pertinence. Si elle est à la recherche permanente du prochain talent qui saura redéfinir les codes de la dance music, elle est aussi à la recherche permanente de nouveaux horizons et de manière originale de converser avec le dancefloor - une attitude qui n'est pas sans rappeler la démarche d'un label comme Príncipe Discos sur les territoires latins.

Une philosophie qui se vérifie à merveille avec le Malien DJ Diaki, nouveau venu dans cette clique et qui sortira le 20 février prochain son premier album Balani Fou. Et si tout le disque est à l'image de "But Show DD 1", on risque - une fois de plus - de pas mal se marrer : ça improvise à balle, ça perturbe par son manque de régularité, mais surtout c'est bourré d'idées qui rendent ces six minutes de boucles complètement jouissives, capables de remplir un dancefloor comme de le vider aussi sec. Et puisqu'on est bien curieux de voir l'homme à l'œuvre, on vous laisse avec la Boiler Room de l'intéressé, qui donne un aperçu assez significatif du disque à venir : épileptiques s'abstenir, le résultat cogne dur, et ressemble par moments à du Black Dice qui aurait viré footwork. Bref, c'est pas demain la veille qu'il produira des tubes pour Nicki Minaj, mais c'est bien primitif comme on aime et surtout, ça fait un bien FOU.