52 touches de Nils Frahm, 36 nuances d'Arnalds

par Amaury, le 10 septembre 2015

Si vous aimez les déambulations sonores de l’allemand, il y a de quoi se réjouir et passer une longue soirée en sa compagnie, puisqu’il s’est plutôt lâché ces derniers temps, et a autant retourné ses fonds de tiroirs qu’il n’a cessé de marteler les claviers qui l’entourent.

Tout d’abord, après avoir annoncé son opportune participation à la série Late Night Tales, la noble enseigne nous en offre le stream intégral, uniquement jusqu’au 14 septembre, la galette devant sortir le 11. Nils Frahm y mobilise divers répertoires — classique, moderne, expérimental — convoquant ainsi Four Tet pour le faire flirter avec Miles Davis, Colin Stetson, Nina Simone ou quelques inédits, dont une étrange reprise du « 4’33’’ » de John Cage, censée ne se composer que des bruits environnant l’artiste, lequel ne joue alors pas une seule note. Il vient d’ailleurs de se prononcer sur cette dernière, tandis qu’il en offrait une performance video : "This rework could be considered a joke. I sat at the piano in silence and worked from there. I listened and took in the atmosphere and this is what came out of it. Of course, it doesn’t do Cage justice, but it was more fun playing rather than sitting in silence"

Pour le reste, il a pu compter sur l’aide de son camarade islandais Ólafur Arnalds, avec lequel il avait déjà sorti en 2012 un trois tires, Stare, accompagnés de la violoncelliste Anne Müller — originellement pressé en édition limitée, Erased Tapes Records vient de le rééditer cet été. Satisfaits de leur entente, ils refont les 400 coups pour LOON, qui prolonge Stare avec plus de percussions et d’influences dub, sans oublier de balancer au passage une petite surprise pour la rentrée sous forme d’un deux titres, Life Story ; Love And Glory, enregistré à la même époque que ce dernier.

Leur bouquet garni se clôt par la publication d’un documentaire de 50 minutes tourné afin de promouvoir la sortie des plaques précédemment évoquées. Sous la caméra d’Alexander Schneider, les quatre mains se sont donc retrouvées au Durton Studio, chez Nils Frahm, à Berlin. Ils ont improvisés deux titres, en une prise. Ca pue le génie, en plus d'être d’une émotion transcendante. Des synthés modulaires, des claviers, des câbles, du bois, une atmosphère chaude, fixe, dans laquelle sommeille le beau. Au final, 8 heures d’enregistrements sans overdubs ni modifications — pureté exige.