Surge
DivPro
À l'heure où les portes des clubs sont encore et toujours lourdement scellées, la musique taillée pour ces lieux n'en finit pas de faire preuve d'une résilience salutaire. La bête a pris un gros coup de calibre .12, mais continue de se battre avec fierté. Parmi ce flot ininterrompu de productions estampillées « club music » qui continue de déferler, une a dernièrement retenu notre attention. On ne s'explique toujours pas comment Surge, première sortie physique de DivPro, est tombé entre nos mains. Coup de chatte diront certains, sérendipité diront d'autres.
Toujours est-il que les 4 titres de cet EP — cocktail explosif de techno, expé, glitch et grime — ont tout de suite fait strike dans nos petits culs en manque de moiteur. Construit sur une économie de moyens, DivPro décharne la musique de club pour en ôter tout le gras et le superflu. Ici pas de lente introduction ou de montées interminables finissant en apothéose, tout n'est que rythmiques cuttées, attaques de claviers frontales et mélodies dépouillées jusqu'à l'os. Pour autant, le producteur new-yorkais ne verse jamais dans l'austérité ennuyeuse ou une approche uniquement cérébrale, bien au contraire. Tout aussi visuelles qu'auditives, les productions nerveuses, multi-directionnelles et tranchantes de DivPro font revivre les rayonnements aveuglants des néons de nos très chers clubs. La fusion de ces lumières stroboscopiques et sonorités flashy donne la furieuse impression de rebondir à l'infini dans tous les coins et recoins de notre cerveau jusqu'à la crise d’épilepsie.
Dans la droite lignée des travaux et de l’esthétique très léchée des Rian Treanor, Mark Fell et surtout du Hongrois Gábor Lázár, DivPro propose une musique exigeante, presque éreintante, mais qui ne renie jamais le vœu solennel qu'elle a fait de servir coûte que coûte le dancefloor. Tout comme toi dans ton appartement étudiant de 9m², on sent que Surge se trouve affreusement à l'étroit sur son format cassette et ne demande qu'à prendre toute son ampleur dans un format « live ». On pourra également rétorquer que cet EP manque quelque peu d'inventivité et de personnalité tant la musique de DivPro se rapproche, jusqu'à se confondre, de celle de ses illustres ainées. Pour notre part, on y verra un premier format extrêmement bluffant et une excitante promesse pour la suite.