OSITO

Caballero

Back In The Dayz – 2022
par Aurélien, le 28 avril 2022
8

C’est beau, un rappeur qui découpe. C’est tellement plus beau qu’un rappeur qui joue le jeu de son époque, entre trans-humanisme à grand renfort d’autotune et de plug-ins, obligation de faire des tubes pour impressionner les rapix, et besoin d’exister sur les disques des autres. Et comme tout artiste qui souhaite s’imposer, le découpeur doit lui aussi répondre aux lois du marché pour rester en tête de gondole et éviter qu’un autre le grand remplace. Face à ce chemin de croix, pas ou peu étonnant que les moins enclins à jouer le jeu de cette industrie rebroussent chemin, ou perdent un peu de leur âme en chemin.

Le cas de JeanJass et Caballero est symptomatique. Mais hors de question de refaire ici le match Double Hélice 3 : d’abord, parce qu’on a déjà dit ici tout le mal qu’on en pensait ; ensuite, parce que le tandem a très vite rectifié le tir. C’était déjà le cas de JJ l’an passé avec Hat Trick, et c’est encore plus vrai avec le OSITO de Caballero, court format qui n’est ni un EP, ni un freestyle, mais qui concentre à la fois la concision du format et la vigueur formidable du Bruxellois dans cet exercice de style. Suite de 7 titres sur laquelle il explore les différentes palettes de son art, Caba rappelle qu’il n’est pas qu’un poster boy pour les amateur·rices de THC et de Ralph Lauren, et qu’il est avant tout un rappeur complet. Et ça s’entend : entre trap colorée, piano-voix et néo-boom bap façon Griselda, le bonhomme fascine par son aisance et sa supériorité évidente dans cet exercice qu’il maîtrise sur le bout des doigts, au point de nous toucher comme rarement il l’a fait ces dernières années.

Malgré deux derniers titres assez dispensables pour un peu moins d’un quart d’heure de son, OSITO est sans doute le projet le plus plus digne jamais offert par Caballero tant son enthousiasme est sans limite et sa technique au point. Caba aurait-il tiré les enseignements de ses égarements passés? On dirait bien que oui. Et on ira même plus loin : s’il est capable de décliner cette versatilité sur la totalité d'un album, notre barbu préféré pourra (enfin) accoucher de son UMLA à lui. Et ici, on y croit suffisamment pour affirmer que même si son titre fait référence à son précédent projetOSITO n’est que l’apéritif avant un repas qui nous sera servi dans les prochains mois ou les prochaines années. Mais quelle que soit l’échelle temporelle, on saura être patients. Car le jeu en vaudra très certainement la chandelle.

Le goût des autres :
7 Elie 7 Erwann 8 Jeff 8 Amaury