Hectic Shakes

Christoph De Babalon

Alter – 2019
par Simon, le 31 janvier 2019
7

Je dois présenter mes excuses à Christoph De Babalon. M’excuser car je suis incapable de me distancier des travaux passés de l’Allemand à chaque fois qu’il est question d’évoquer son actualité. Le problème est que If You’re Into It I’m Out Of It est tout simplement trop puissant, trop charismatique et trop singulier pour que je pense à autre chose à chaque fois que je vois son nom apparaître. Après tout ce n’est pas de notre faute, ce disque totem a beau être sorti il y vingt-deux ans maintenant, tout est fait pour que le souvenir de cette œuvre majestueuse de early breakcore/happy hardcore/IDM gothique perdure. Ces quatre dernières années, pas moins de quatre rétrospectives ont vu le jour pour célébrer l’époque bénie des premières compositions du jeune Christoph époque Digital Hardcore Recordings, comme si le meilleur argument de vente de l’Allemand tenait dans ce label presqu’insultant « recorded 1993 – 1998 in Hamburg, Germany ».

C’est dommage car entre deux célébrations de son glorieux passé, Christoph De Babalon écrit de bons disques. Scylla & Charybdis était un bon exemple, ce Hectic Shakes en est un autre. Quatre titres pour vingt minutes de illbient sombre et technique, de la drill’n’bass post-moderne, au grain léché et tout en dynamisme. C’est absolument inattaquable, tant sur les environnements dark-ambient que sur le travail de percussions. Pour le dire rapidement, ça punche exactement comme il faut, tout en évitant le piège de la nostalgie. Mais pour le dire encore plus vite, cet EP donne soif, ce genre de soif qui ne peut être étanchée que par un retour aux classiques increvables de l’Allemand.

C’est horrible, mais si vous prenez l’incroyable intro beatless de quinze minutes et le fantastique titre de clôture de If You’re Into It I’m Out of It, vous dépassez déjà cet EP, tant sur la quantité que la qualité. Et on ne vous parle pas du reste de l’album, ni des dizaines de titres issus de ces sessions studio enregistrées vingt ans auparavant. On comprend mieux pourquoi la dernière rétrospective se nommait The Haunting Past of Christoph De Babalon (I-III). Glorieuse malédiction. Passez donc par ce Hectic Shakes de très bonne facture, mais rappelez-vous qu’il est en définitive un portail pour se replonger dans ce passé musical absolument unique. Avec toutes mes excuses.