Alchemy

Disclosure

Apollo Records – 2023
par Erwann, le 27 juillet 2023
8

Si, comme nous, le dernier album d’Overmono vous a fait autant d’effet qu’une personne vêtue au Cap d’Agde, vous pourrez vous réconforter avec la dernière sortie de Disclosure. Pour ceux qui dormaient lors de la dernière décennie, les frangins Lawrence se sont construits sur des tubes faisant appel à la puissance des chanteurs à la mode (Sam Smith ou Eliza Doolittle). Une formule gagnante sur le raz-de-marée que fût Settle, mais montrant ses limites sur le poussif Caracal. L’année 2020 fût l’occasion de se faire pardonner avec le bien-nommé Energy, qui renoua avec leurs premières amours, la house et le garage, tout en montrant les diverses influences accumulées au fil des années - les musiques africaines se taillant la part du lion dans cette nouvelle facette de Disclosure.

Alchemy va encore plus loin dans le retour aux sources. Pas de guest ou sample ultra-reconnaissable : ici se succèdent des bangers house teintés de rythmiques garage, dont la formule se démarque autant par sa simplicité que par son efficacité. Cela se traduit dès le morceau d’ouverture "Looking for Love" qui invite au au mélange des liquides corporels en tous genres avec ses boucles funky et son matraquage four-on-the-floor. L'attention est ici portée sur la production et sur la précision avec laquelle les quelques éléments qu'elle répète vont tomber pile sur le beat pour provoquer l'impact maximal sur nos genous fatigués.

Et ce n'est pas un hasard s'il s'agit de la première sortie en indé pour le duo: si leurs deux premiers albums appelaient au gigantisme des grandes scènes, Alchemy confirme leur amour pour l'atmosphère feutrée d'un club. Il n'y a donc pas de grand refrain à se mettre sous la dent, seulement des bribes de parties vocales qui laissent respirer les différents beats empruntant autant à la jungle, à la trance, au 2-step et au dubstep qu'au UK funky, sorte de UK garage biberonnée aux musiques d'Afrique de l'Ouest.

Malgré un léger coup de mou à mi-parcours, Alchemy est une succession de feel good songs qui ne doivent leur succès à rien d'autre qu'à leur candeur hédoniste. Il semblerait que les frères Lawrence se soient enfin décidés à faire la musique sur laquelle ils aimeraient suer en club plutôt que celle qui leur ouvrirait à nouveau les portes du mainstream. Quand la formule synthés + boucle + sample vocal arrive à un résultat aussi jouissifs que sur "Higher Than Ever Before", on comprend que ça ne peut qu'être l'œuvre de passionnés ayant relégué au second plan leur soif de moulaga. Fini le purgatoire : Disclosure est de nouveau un groupe qui nous fait frissonner.

Le goût des autres :