3001: A Laced Odyssey

Flatbush ZOMBiES

Electric KoolAde Records – 2016
par Ruben, le 17 mars 2016
8

Lancé depuis Brooklyn, le vaisseau 3001 transportant Meechy Darko, Zombie Juice et Erick Arc Elliot s'est arraché du sol avec succès en ce vendredi 11 mars 2016. Laissant derrière eux le monde post-apocalyptique de Better Off Dead, les Flatbush Zombies préparaient leur envol depuis trois ans. Débutant sur le son d’une fusée au décollage précédé d’un compte à rebours digne de la NASA, 3001 : A Laced Odyssey nous imprègne immédiatement d'une ambiance cosmique et céleste qui marque une réelle césure avec l'environnement horrorcore qui façonnait leurs précédents projets.

Entièrement orchestrées par Erick « The Architect » Elliot, les sonorités de l'album ont tendance à s’étouffer dans une continuité planante (on est loin du martèlement agressif des trap houses d’ATL), faisant instantanément ressortir le flow tranchant des trois MC. Il faut préciser que cette nouvelle approche n’efface aucunement l’égo psychédélique de Meechy, la personnalité dérangée de Juice ou le génie inépuisable d’Erick.

En effet, leur consommation de psychotropes n’a pas diminué et pèse toujours autant sur leurs textes – « We smoked so much this year we couldn't even take a day off ». Cependant, le récit de l’odyssée des Flatbush Zombies ne se limite pas à ça et, sur l'incroyable « Your Favorite Rap Song » par exemple, les trois new-yorkais choisissent d’aborder ouvertement les inégalités qui déchirent encore aujourd'hui la société américaine post-raciale : « Equality and loyalty over fallacies and more / And where I come from, the hood is still n*ggas poor / Pour another bottle, fuck America's dreams / Do it for your family or life ain't what it seems ».

Introspectif et épatant de versatilité, le disque se permet également de balayer différentes couches temporelles en passant de titres aux influences 90’s (« R.I.P.C.D. ») à des sons comme « This Is It » ou « Trade-Off » qui s’inspirent directement des tendances actuelles. De même, les interludes effectuent habilement la jonction entre les différents pistes et permettent de garder le disque en totale apesanteur. On pourra néanmoins regretter l'absence d'une piste-signature puisque le premier single « Bounce » est assez fade et ne semble pas vraiment avoir les épaules pour assumer le rôle d'un « Palm Trees » ou d'un « Thug Waffle ».

Malgré tout, le premier album studio des Flatbush Zombies marque leur décollage vers une galaxie musicale qu’ils avaient jusque-là laissée inexplorée. Toujours inspirés par l’univers de Stanley Kubrick – on se souvient de leur association avec les copains The Underachievers sous le nom Clockwork Indigo en 2014 – l’équilibre entre prods sidérales et couplets fulminants fonctionne parfaitement et propulse, une fois de plus, la Beast Coast sur le devant de la scène hip-hop US.

Le goût des autres :
8 Amaury 7 Antoine