The Beautiful Lie

Ed Harcourt

EMI – 2006
par Splinter, le 19 juillet 2006
8

Ed Harcourt, le trublion du songwriting anglais, est déjà de retour, à peine plus d'un an et demi après la sortie de son dernier opus, Strangers, déjà fort apprécié dans ces mêmes colonnes, comme, d'ailleurs, Here Be Monsters et From Every Sphere en leur temps. Trois albums jusqu'ici en seulement cinq ans, sans compter les quelques EP, aucune faute de goût, aucune faiblesse. Un quasi sans-faute malgré une prolificité étourdissante. Et ce bouillant jeune homme n'a perdu ni son temps, ni la main. Son nouvel album, The Beautiful Lie, est en effet, comme ses prédécesseurs, une petite merveille de pop folk décomplexée, mâtinée ici et là de disco et de funk. Le genre de disque qui brasse énormément d'influences mais sans jamais perdre l'auditeur, guidé par la sublime voix de Harcourt et la richesse, voire l'intelligence, de la production.

Alors, certes, la formule n'a pas vraiment évolué avec le temps, à peine notre ami, pianiste de formation mais musicien multi-instrumentiste très talentueux, a-t-il appris à davantage doser ses effets pour toucher avec encore plus de force. Pour autant, le danger de la redite est bien loin à l'écoute de "Whirlwind in D Minor", le premier titre de l'album, et, pour être honnête, son plus réussi. Mais ce n'est rien de le dire. Un véritable tube, la chanson pop parfaite, entraînante, superbement construite et diablement efficace. Un bijou.

Emmené sur de tels sommets dès l'ouverture du disque, notre auditeur s'attend naturellement à redescendre vite fait sur Terre. Raté. "You Only Call Me When You're Drunk", en plus d'être pourvue d'une magnifique mélodie, d'arrangements superbes et, ici encore, d'une construction ascendante parfaitement maîtrisée, bénéficie d'un texte absolument hilarant et pourtant d'une tristesse à pleurer. Pourquoi s'arrêter là ? L'album enchaîne les titres forts comme d'autres les mauvaises notes au bac (quoique cette année, ils sont rares). Empreints d'autobiographie et d'une étonnante maturité, "The Last Cigarette", "Late Night Partner", "Revolution in the Heart" démontrent de manière implacable le génie de ce gaillard même pas trentenaire, dont le talent pourrait énerver s'il n'était pas aussi impressionnant.

Que, dire, alors, à l'écoute d'un morceau comme "Until Tomorrow Then", sur lequel la voix de la femme de Harcourt vient se mêler à la sienne. Un moment de grâce à l'état pur. Bref, quatorze titres lyriques ou mélancoliques, quatorze réussites, aux ambiances variées (jusqu'à la valse sur "Scatterbraine"), un grand album. C'est suffisamment rare pour être souligné, à l'heure où des fadasses comme James Blunt ou Jack Johnson monopolisent l'attention.

Le goût des autres :
7 Popop