Lee Bannon : une belle compilation d'inédits pour revenir sur une carrière absolument passionnante

par Jeff, le 23 mai 2016

Y'a pas à dire, la carrière d'un Lee Bannon est absolument passionnante à suivre. Comme beaucoup de monde, on l'a découvert lorsqu'il a intégré le crew Pro Ero de Joey Bada$$, à qui il a offert quelques belles pépites, à l'image du rêveur "95 Til Infinity".

Vu la notoriété de cette fine équipe, on aurait pu penser que Lee Bannon allait continuer à creuser ce sillon "nouvelle old school". Mais l'Américain avait tellement d'autres projets en tête, pas vraiment en phase avec ceux de ses copains. C'est ainsi qu'on la vu prendre son envol et explorer la facette expérimentale de sa personnalité sur deux albums pour Ninja Tune - Alternate/Endings d'abord, très marqué par la drum & bass et l'IDM; Pattern of Excel ensuite, plus ambiant dans son approche.

Plus à l'aise que jamais dans ce costume d'électron libre, Lee Bannon poursuit un parcours atypique qui l'a notamment poussé à changer provisoirement de nom pour devenir Dedekind Cut sur l'EP Thot Enhancer (peut-être son travail le plus sombre) avant d'atterrir plus récemment sur Hospital Productions, le label d'un certain Prurient qui n'est pas vraiment connu pour sortir des disques de pop pour midinettes.

L'EP American Zen est sorti au mois de mars en format cassette, mais se streame intégralement sur le Bandcamp du producteur. Quatre titres pour une grosse trentaine de minutes qui témoignent d'une évolution passionnante, car elle démontre une maîtrise de plus en plus grande de la chose expérimentale. Lee Bannon cite en influences le RZA et Brian Eno, mais aussi Aphex Twin et Death Grips. Tout cela est bien joli sur papier mais plus difficilement transposable dans une musique qui ne soit ni condescendante ni chiante. Et ce n'est certainement pas le cas avec American Zen.

Tout cela pour nous amener à l'actualité la plus récente de Lee Bannon : la mise à disposition, toujours sur son Bandcamp (la mine d'or...), d'une compilation de titres inédits enregistrés entre 2012 et 2016. L'objet est volumineux, indigeste presque : trente titres au total, dont certains vont taper dans la petite dizaine de minutes. On a connu plus léger, on en convient, mais Reflections 2012 - 2016 offre trop de clés de lecture permettant de mieux comprendre une carrière pour qu'on ne s'y attarde pas. Une carrière qui ne fait certainement pas de vagues, mais qui mériterait que davantage d'oreilles curieuses s'y intéressent.