Les excellentes raisons d'aller au Roadburn ne manquent pas, mais on en a quand même sélectionné cinq

par Alex, le 20 février 2019

Pendant quelques jours durant le mois d'avril, la petite bourgade de Tilburg (Pays-Bas) va à nouveau se transformer en ville sainte à l'occasion du légendaire Roadburn Festival. Fondé en 1995, le festival est sans aucun doute l'un des rassemblements les plus avant-gardistes et captivants du vieux continent. Il rassemble le temps d'un long weekend (du 11 au 14 avril en l'occurrence), ce qui se fait de plus pointu en matière de doom, sludge, stoner et autres musiques psychédéliques ou extrêmes dans un déluge de performances inédites.

Si le festival, régulièrement soldout en quelques minutes, est considéré autant par les musiciens que par le public comme une référence mondiale en la matière, c'est pour l'atmosphère quasi rituelle qui s'étend à toute la ville, pour ses vastes infrastructures, mais aussi et surtout pour le large spectre de genres qui compose son affiche. Une petite centaine de groupes vont ainsi se répartir sur plusieurs scènes et plusieurs salles, orbitant entre prestations exclusives et / ou anniversaires, réinterprétations complètes d’œuvres majeures ou encore sets collaboratifs. Un festival unique en son genre dont la renommée n'a vraiment d'égal que l’éclectisme de son line-up en béton armé.

En outre, le Roadburn Festival a pour habitude de confier chaque année une partie de sa programmation à un personnage particulier ou un musicien influent. Pour succéder à John Baizley (Baroness) en 2017 et Jacob Bannon (Converge) en 2018, c'est Thomas Lindberg (At The Gates, Disfear) qui sera aux commandes de cette édition qui s'annonce à nouveau fascinante. Pour s'y retrouver dans cette pléthorique programmation, voici cinq performances qu'il ne faudra pas manquer si vous entamez votre pèlerinage cette année.

1. Thou (11, 12, 13 & 14 avril)

Choisi comme artiste en résidence cette année, Thou sera omniprésent durant cette édition du Roadburn. Un choix relativement logique et non moins gratifiant pour le quintet américain dont l'année 2018, marquée par la sortie de quatre excellents albums, fut époustouflante. Avec 4 performances prévues sur l'ensemble du week-end, dont un concert avec Emma Ruth Rundle, un set de reprises, un live acoustique et un autre tournant autour de leur dernier Magus, le groupe de Baton Rouge aura largement l'occasion de démontrer aux masses familières, grâce à son sludge poisseux teinté de doom, pourquoi il est l'une des formations les plus intéressantes de ces dernières années.

2. Slaegt (11 avril)

En ces temps d’ultra saturation - il suffit de voir ce que Bandcamp propose tous les jours en matière de nouveautés métal – c’est un bonheur absolu de tomber sur un groupe comme Slaegt. Le feeling oldschool est immédiat, et la fusion black metal de vieux/heavy metal de bikers fonctionne à plein tube. Des temps anciens, les Danois ont ramené le groove permanent, les vestes en cuir sans manches portées à même la peau, les riffs sataniques qui caressent l’oreille et les growls chaleureux. Post-moderne dans son approche, Slaegt prend un soin tout particulier pour innover dans ses breaks, pour dépoussiérer la démarche et finalement proposer un produit véritablement inattaquable. Grosse découverte par ici.

3. Tryptykon (12 avril)

L’histoire de cette performance est à elle seule une bonne raison de se taper cette édition du Roadburn. Débutée en 1987, la composition du « Requiem » de Celtic Frost aura été par deux fois retardée, pour ne pas être encore terminée à l’heure où on vous parle. Une première partie est apparue sur Into The Pandemonium (« Rex Irae ») qui précipitera sans le savoir la première chute du groupe, avant sa reformation en 2001. Seize ans plus tard, l’album Monotheist hébergera la troisième partie du Requiem (« Winter »). En 2019, Celtic Frost n’est plus, et la deuxième et ultime pièce du triptyque demeure toujours inexistante. Jusqu’à ce que le cofondateur du Roadburn contacte Tom G. Warrior, frontman de feu Celtic Frost et aujourd’hui leader autoritaire de Tryptikon. Après 32 ans, le Requiem verra donc sa pièce finale composée exclusivement pour l’occasion du festival et l’intégralité de la trilogie sera jouée pour la toute première fois aux côtés d’un orchestre symphonique faisant partie intégrante de ladite composition. Un vrai moment d’histoire.


4. Imperial Triumphant

Le black metal n'est pas forcément le style le plus représenté au line-up cette année, raison pour laquelle la présence d'Imperial Triumphant nous emplit de joie. Le trio new-yorkais a sorti l'un des tous meilleurs albums dans le genre l'année dernière, et avoir l'occasion de nous prendre dans la tronche leur black noyé dans du free-jazz et des instrumentations classiques ne pourra, a priori, que nous être bénéfique. En plus de nous interpréter l'intégralité de ce monstrueux Vile Luxury, l'entité masquée proposera également deux nouveaux tracks issus de récentes improvisations en studio. Si Imperial Triumphant est aussi terrifiant sur scène que sur disque, on n'a pas fini de cauchemarder.

5. Cave In / Old Man Gloom (13 & 14 avril)

On n'a pas vraiment su départager le très sous-estimé groupe de métal alternatif Cave In et le All-Star Band sludge Old Man Gloom, mais on sait déjà que leurs concerts respectifs feront partie des moments forts de cette édition. Déjà parce que les deux entités se font très rares en live (Cave In n'avait d'ailleurs jamais été programmé au Roadburn auparavant, et le groupe est pour ainsi dire inactif depuis un paquet d'années), mais aussi et surtout parce que c'est la première fois que chacune des deux formations se produira ensemble en Europe sans Caleb Scofield. Le bassiste, décédé l'année dernière dans un accident de la route, évoluait dans les deux groupes et sera pour l'occasion remplacé par Nate Newton (Converge) dans Cave In, et par Stephen Brodsky (Cave In, Mutoid Man...) dans OMG. Une belle manière de célébrer le parcours remarquable du musicien à travers deux sets peu avares en émotion et en riffs pachydermiques aussi.

Pour terminer, on recommandera aussi Daughters, Sleep, Imperial Triumphant, Lingua Ignota, Crippled Black Phoenix, Pharmakon, Emma Ruth Rundle, le showcase Holy Roar Records (Svalbard, Pijn, Conjurer, A.A Williams, Secret Cutter), Jaye Jayle, Mono & Jo Quail Quartet, Bossk, Birds In Row, Throane, Drab Majesty, Treha Sektori, Sumac, Wolvennest, Bosse-de-Nage, Grails, Soft Kill, Wrong, Fear Falls Burning, Thor & Friends, Coilguns. Vous l'aurez compris : exception faite de quelques métalleux ayant abusé de la dive bouteille, le mot "déchet" n'entre pas dans l'équation du Roadburn.