Concert

La Nature Festival

Baraque de Fraiture, le 25 juin 2023
par Alex, le 7 juillet 2023

Il fallait vouloir se taper les pratiquement deux heures de route qui séparent Bruxelles de Vielsalm, mais mal avisés nous aurions été de ne pas accomplir le trajet en cet étouffant et très chargé weekend de début d’été. Coincé entre Couleur Café ou encore Live /S Live, dont les publics respectifs ne sont toutefois pas les mêmes cibles ici, se tenait La Nature Festival, un événement qui depuis 2019 (et après quelques mutations) rassemble les amateur·ices de musiques électroniques et expérimentales au pied des pentes de ski de la Baraque de Fraiture.

Crédit photo : César Burton

 

Prévu sur quatre jours, entre le 22 au 26 juin, La Nature s’inscrit dans le cadre de ces événements qui vont à l’encontre des tendances des grosses machines estivales : la capacité y est très limitée, l’esprit est communautaire tandis que le line-up aventureux, sans “headliners”, est presque maintenu secret quant à la place de chacun·e dans l’horaire. En clair, on y va autant pour le cadre et l’expérience pensée par le collectif NoName que pour y découvrir les artistes qui s’y produisent. Cette année, l’événement a rassemblé 2500 personnes (soit une légère augmentation de la capacité de 500 personnes par rapport à l'année dernière) et l’on constate rapidement une fois sur place que c’est très bien ainsi.

 

 

Sur le programme de ces cinq scènes avec leurs caractéristiques propres, une centaine d’artistes allant de Le Motel (qui présentait son nouveau projet avec Bruce Wijn) et Mika Oki en passant par Coline Cornélis, Antoine De Schuyter, Ojoo Gyal ou le jazz déglingo de Schroothoop. Ainsi, le samedi, on a notamment eu l’occasion d’entrer dans le vif du sujet avec un bigrement efficace B2B entre Karla Böhm et Dana Kuehr, de découvrir la deep techno de la DJ coréenne Cobahn, les percussions de l’iranien Mohammad Reza Mortazavi, le projet Circle Of Life conçu par le suédois Sebastian Mullaert ou encore d’assister à des moments d’enthousiasme collectif pur pendant le B2B entre Holy Coco et &ry. ou durant le set chargé en bonnes ondes de La Dame.

 

 

Et c’est bien justement ces moments d’enthousiasme collectif qui font le sel de la Nature. Car l’on sent que la confiance est mutuelle entre une organisation qui décide de ne pas jouer le jeu des têtes d’affiches surpayées et un public qui suit le festival dans sa proposition et ses choix artistiques. Qu’importe presque qui s’y produira, l’audience présente, bien aidée sans doute par le cadre époustouflant, semble prête à se laisser porter par ce qui se présentera à elle. L'atmosphère générale ressentie est extrêmement bienveillante et l'aspect musical relèverait presque d'une considération secondaire tant l'immersion est immédiate.

 

 

En plus des diverses scènes éparpillées sur site, le festival a également le bon goût de proposer des installations artistiques faites de matériaux recyclés dans les recoins de la forêt qu’il occupe. Cette même forêt qui, le soir, se pare des plus belles couleurs pour proposer à son audience un cadre de fête loin d’être vilain. Toutes sortes d’ateliers bien-être étaient également prévus durant ces 4 jours et pour peu que vous ayez installé votre tente sur site, vous avez donc éventuellement pu participer à des instants yoga, méditation ou bodypainting. En bref, une expérience plutôt singulière, complétée par une offre nourriture diversifiée et des prix qui ne frôlent pas l’invraisemblable. Quelque part entre la confidentialité d’un Micro Festival, dont on ne cesse de vous vanter les mérites année après année, et la multidisciplinarité d’un Horst, La Nature prouve que l’anti-gigantisme a encore de beaux jours devant lui.