What Went Down

Foals

Transgressive – 2015
par Amaury L, le 16 septembre 2015
6

Sorti deux ans après l'éprouvant Holy Fire, ce nouvel album de Foals commence à peu près de la même manière que son grand frère: un titre martial placé en apéritif pour convaincre les auditeurs des intentions belliqueuses du groupe ("Inhaler" sur Holy Fire, "What Went Down" ici), suivi d'un autre single calibré pour les génériques du Grand et du Petit Journal ("My Number" sur Holy Fire et "Mountain at My Gates" sur What Went Down).

Je sentais bien l'ultime couillonnade arriver en écoutant pour la première fois "Give It All", qui est sans doute le titre le plus niais jamais composé par le groupe ("Give me something I haven't seen/give me the red light turning green", tout cela entrecoupé de "Wouuuhouu"). Pire, je me suis rendu compte qu'à chaque fois que passe le cinquième titre, "Albatross", je me surprends invariablement à aller chipoter dans mon pif pour y dégotter quelque chose de plus intéressant que ce qui parvient à mes oreilles.

A ce stade, tout semble indiquer que Foals est le genre de groupe qui conçoit désormais des albums majoritairement constitués de deux tubes, suivis d'un grand remplissage. C'est là que surviennent "Snake Oil" et "Night Swimmers", qui sortent immédiatement l'auditeur de sa torpeur et le font se dresser telle une mangouste à l'annonce de la naissance du Roi Lion. Le premier voit les Anglais s'illustrer à nouveau sur un terrain heavy et évoque, au refrain, une rencontre entre des Black Keys période Brothers et les riffs blues-metal de Tom Morello.

Toute l'ironie réside dans le fait qu'alors que je commençais à croire que Foals n'était qu'une bande de vendeurs de pets mouillés, "Night Swimmers" a momentanément annihilé mes soupçons. Je dis "momentanément", car après la fabuleuse démonstration polyrythmique de ce morceau, qui nous rappelle aux bons souvenirs de leurs tours de force qu'étaient Antidotes (2008) et Total Life Forever (2010), on replonge irrémédiablement dans la fange du rock catatonique et inerte avec "London Thunder" et "Lonely Hunter", tandis qu'"A Knife In The Ocean" clôture l'album sur une note mélancolique et lancinante, qui aurait pu fonctionner si ce morceau n'avait pas été précédé par les deux somnifères précités.

Foals, c'est un peu comme l'équipe belge de football : un collectif qui nous a déjà fait rêver et qui est boosté par un génie notoire. Mais à l'instar de Kompany et de sa clique, le groupe d'Oxford est capable d'envoyer ses fans dans des ascenseurs émotionnels fatigants, symptomatiques d'une inconstance artistique, d'une panne d'inspiration ou tout simplement, d'une incapacité à produire quelque chose de solide malgré le potentiel immense des différentes individualités qui composent la formation.

Si What Went Down constitue un léger regain qualitatif par rapport à Holy Fire, ce n'est toujours pas Byzance. Pour poursuivre l'analogie footballistique foireuse, cet album laisse la même impression que le 0-1 des Belges contre Chypre début septembre : celle d'avoir été vaguement diverti, mais d'être passé à côté du grand frisson.

Le goût des autres :
6 Yann 5 Maxime