The Wants

The Phantom Band

Chemikal Underground – 2010
par Jeff, le 13 décembre 2010
8

Faites le test: tapez "The Phantom Band review" dans Google et consultez les premiers liens. Passés les habituels renvois vers les pages MySpace, Facebook ou Last.fm, vous allez commencer à tomber sur des chroniques issues de journaux prestigieux ou de sites hautement recommandables, avec une conclusion souvent similaire: ce nouvel album des Ecossais est une pure merveille. Pourtant, s'il est bien un groupe absent des radars à qui l'on promettait un avenir radieux, c'est The Phantom Band. Déjà en 2009, à l'époque de leur impeccable premier album Checkmate Savage, nous en parlions comme d'un prétendant au titre de meilleur album de l'année. Quelques mois plus tard, cette affirmation s'est révélée être vraie, dans nos habituels classements du moins. Malheureusement, nous avons été parmi les seuls à être de cet avis. Pourtant, on ne pouvait taxer le groupe de Glasgow d'un élitisme quelconque, celui-ci se bornant à avoir recours à des ficelles connues de tous, en y ajoutant un talent d'écriture certain et une classe évidente.

Et voilà que 18 mois après Checkmate Savage, The Phantom Band nous revient déjà. Et d'entrée de jeu, ce qui fait particulièrement plaisir à l'écoute de ce second effort, c'est le fait de voir que la formation est parvenue à se libérer du carcan pourtant confortable ses influences. Aujourd'hui bien décidée à façonner une musique qui lui ressemble vraiment, elle a quitté une certaine forme d'adolescence pour entrer de plein pied dans l'âge adulte. En termes d'évolution, le presse d'outre-manche compare – à juste titre - l'évolution du groupe écossais à celle connue par les Wild Beasts, dont le Two Dancers voyait les Anglais accoucher d'un album plus complexe que la somme de ses influences.

Ceci étant dit, on retrouve sur The Wants le fond de commerce du groupe (la new wave, le post punk, le kraut et le folk) et la voix de baryton de Rick Anthony, que l'on compare bien souvent à celle de Matt Beringer de The National. D'ailleurs, comme ces derniers, The Phantom Band cultive un certain amour de la noirceur suffocante et parvient à exprimer son spleen avec flamboyance. Mais là où le groupe américain se terre derrière une majestueuse sobriété, son cousin écossais élargit le champ des possibilités en jouant très habilement sur des claviers servant à plomber un peu plus encore une ambiance déjà bien chargée. Et c'est alors au moment où l'on s'y attend le moins que les six Ecossais se lancent dans des montées en puissance épiques, à l'image du dyptique "The None of One" / "Mr. Natural", véritable pierre angulaire d'un album qui a su se donner les moyens de ses ambitions.

Une chose est aujourd'hui certaine: avec deux albums d'une telle qualité, une marge de progression non négligeable et un succès toujours aussi limité, on peut légitimement faire de The Phantom Band l'un des secrets les mieux gardés du rock de la perfide Albion.