The Pains of Being Pure at Heart

The Pains of Being Pure at Heart

Slumberland Records – 2009
par Adrien, le 19 mai 2009
7

L'heure est au rétro. C'en est presque contagieux : des jeunes touches-à-tout ressortent du placard leurs caisses de vinyles et révisent leurs classiques tout en se remémorant, nostalgiques, cette époque ado révolue où les héros du jour/héros de toujours berçaient leurs oreilles déjà très réceptives. Après Late of the Pier et leur Fantasy Black Channel, véritable manifeste de l'histoire musicale britannique et le revival disco des glamoureux Glass Candy, c'est désormais au tour des New-Yorkais de The Pains of Being Pure at Heart de rendre hommage à leurs idoles par une rencontre musicale des plus improbables, celle de la twee-pop et du shoegaze, deux courants ayant noirci parmi les plus belles pages de l'indé britannique.

Là où le rock anglo-saxon sévit sur les ondes pour le meilleur et pour le pire, ces Américains-là, auteurs depuis 2007 d'un EP et de l'album présenté dans ces lignes, proposent une alternative ingénieuse : mettre dans le même panier la twee-pop douce-amère des Belle & Sebastian et Camera Obscura avec le shoegazing obscur des Jesus & Mary Chain et autres My Bloody Valentine. D'un côté donc, des textes légers et des mélodies mielleuses, de l'autre des riffs aériens et un instrumental suranné. Un accouplement musical qui ne serait pas sans ravir les écossais des Vaselines, maîtres à penser de Nirvana et très certainement les voisins les plus directs du combo New-Yorkais.

De ce disque de dix titres à avaler d'une traite se dégagent fraîcheur et insouciance des débuts que les quatre membres de POBPAH cultivent avec conviction. Son potentiel noise-pop en arrive même à surprendre : le planant "Contender" fait nécessairement penser au cultissime Psychocandy et son introductif "Just Like Honey", "Young Adult Friction" est lui synonyme de candeur, qualité retrouvée dans "A Teenager in Love" tandis que "Gentle Sons", par son aspect vaporeux, fait penser aux escapades nocturnes de miss Johansson dans Lost in Translation (dans lequel figurent d'ailleurs des compos de Kevin Shields, Death in Vegas et les pré-cités Jesus & Mary Chain). Accroc de taille néanmoins : le disque flirte à plusieurs reprises avec un sentiment de déjà entendu, notons à cet égard la ressemblance frappante entre des morceaux tels que "The Love is Fucking Right" et "Everything with You".

Rendre hommage à la scène indie pop/rock britannique à coups de références intelligemment dosées semble être une recette gagnante puisque les New-Yorkais des Pains of Being Pure at Heart, atypiques par leur nom et insolents par leur talent, parviennent à accoucher de titres tous plus efficaces, aux clins d'oeil évidents mais à la personnalité déjà bien trempée. Un album incandescent et subtil donnant la furieuse envie de se replonger dans les grands classiques du genre.

Le goût des autres :
7 Nicolas 6 Julien 8 Popop 7 Thibaut