Routes

LV & Joshua Idehen

Keysound – 2011
par Simon, le 28 juin 2011
8

Parler du premier album de LV, c'est avant tout tordre le coup à une idée préconçue : non, tous les producteurs gravitant de près ou de loin autour du label Hyperdub ne deviennent pas en un coup de baguette magique des rois de la hype. Car si on compare la destinée de notre trio avec les monstres que peuvent être Burial, Kode9, Ikonika ou Darkstar, on se dit que quelque chose a dû manquer dans son ascension. Et pourtant c’est tout l’inverse ici. LV est une formation qui a toujours évolue dans la plus grande discrétion, et ce même si elle compte Hemlock, Soul Jazz ou Hyperdub dans ses points de chute réguliers. Mais parler de ce premier disque de LV c’est aussi gloser sur un style de composition unique, qui les rapproche de Kode9 d’une manière presque biologique: tout ici est multidirectionnel, touche à tout et furieusement adroit dans la lecture et la reconstruction des codes musicaux.

D’ailleurs avec ou sans Joshua Idehen, Routes est une bombe. Globalement inspiré par le uk garage, la funky house et le dubstep, ce disque est avant tout une véritable encyclopédie « post-dubstep » : là où une grande majorité des acteurs de la scène se cachent derrière un son soi-disant intelligent mais résolument creux, Routes lui ne perd rien en chemin. Il est puissant, classe et félin. Il y a trop d’ambiances savamment pesées, trop de claviers vintage intelligemment giclés pour réduire Routes à une série de descriptions. On voudrait vous convaincre d’y aller à l’aveugle qu’on vous dirait ce disque de Lv est la meilleure définition de ce que le post-dubstep devrait être en 2011 : une vraie entreprise musicale qui a digéré ses influences, qui marque le pas sans se la jouer « transgressif sinon rien ».

Et puis il y a Joshua Idehen, l’histoire d’un mec à la croisée du grime et du spoken word à la Gil-Scott Heron. En fait Joshua Idehen c’est un peu le fils spirituel d’un The Spaceape, en moins guerrier, en bien plus chantant. La musicalité de sa voix est folle et rajoute à Routes une odeur urbaine appuyée et franchement délicieuse. Tout ça finalement pour dire que LV vient sûrement de dépasser le maître – Kode9 et son The Spaceape – à tous les niveaux. C’est un véritable coup de force car Black Sun avait pourtant imposé sa patte avec groove et intelligence. Disons simplement que Routes a su combiner, en mieux encore, le rythme, la voix et la rue. Un vrai travail de professionnels, qui joue sans trop de problèmes parmi les plus grands disques de bass music de cette année. 

Le goût des autres :
7 Thibaut