Return of the Dream Canteen

Red Hot Chili Peppers

Warner Bros – 2022
par Antoine G, le 2 novembre 2022
4

Quel était le but ? Qui attendait vraiment un deuxième album des Red Hot Chili Peppers en 2022 ? Qui plus est, un disque long d’une heure quinze, avec l’exploit de ne pas avoir un seul titre qui surnage. D’autant que s’il n’était pas honteux, Unlimited Love n’en laissait pas vraiment voir sous le capot. Ne serait-ce que parce qu’il était déjà long de 1h13. Et que malgré quelques titres sympathiques (« These Are The Way » ou « Black Summer »), et une certaine cohérence dans ses sonorités hard rock plutôt rafraîchissantes, il n’offrait qu’une redite à Californication. Car rappelons-le : l’année 2022 voit le retour du prodige John Frusciante, mais aussi de Rick Rubin à la production. Soit le meilleur line-up des Red Hot. Avec probablement leur moins bon résultat à ce jour.

Il faut rester honnête : le résultat aurait pu être bien pire. Mais le groupe se repose clairement sur son énorme savoir-faire, sans se fixer aucune exigence. La chose est d’autant plus manifeste dans ce deuxième effort, qui semble vouloir explorer des sonorités plus jazz. Le groupe tente d’amener quelques cuivres, des sonorités douces, ou même du skat de la part d'Anthony Kieidis. Le groupe voudrait explorer différents registres, puisant aux bases de son style vers la soul et la funk. Autant d’initiatives tout à fait bienvenues. Mais il manque l’essentiel : des chansons.

Au-delà du sentiment de mollesse qui s’en dégage, ce qui frappe le plus à l’écoute est cette sensation de déjà connaître les morceaux. On pourrait presque croire à des chutes de Stadium Arcadium à ce point. Voire carrément des reprises. Avec un Flea plutôt en retrait, on pouvait espérer que Frusciante vienne rehausser le tout, comme il le faisait sur le « Black Summer » en début d’année. Mais il se fait ici plutôt discret, voire traîne en longueur dans ses solos, comme dans « Eddie ». Clairement, il n’est ici jamais aussi à l’aise qu’en contrechant de Kieidis, dans un registre bien plus subtil (notamment dans le final de « Shoot Me A Smile » ou le sympathique « The Drummer »). Et c’est également lui qui sauve « Peace and Love » d’un ennui mortel avec son solo spongieux et intrigant.

Pour le reste, la base n’est de toute façon jamais assez solide pour faire briller qui que ce soit. En résulte un flux vaguement familier, inoffensif. Oublié aussitôt qu’il est entendu. Alors à quoi bon ? Pourquoi publier 2h30 de musique pour un public qui ne viendra en live que pour les tubes d’antan ? N’y avait-il pas mieux à faire que cette roue libre désincarnée et sans saveur ? Le groupe a-t-il vraiment pris plaisir à ce résultat bien en dessous de ses moyens ? Peut-être ont-ils trop voulu préserver cet équilibre plusieurs fois rompu entre eux. Quitte à rester dans leur zone de confort.

Le goût des autres :