Outside Love

Pink Mountaintops

Jagjaguwar – 2009
par Nicolas, le 26 juin 2009
8

Jour après jour, mois après mois, année après année, Stephen McBean s’affirme toujours un peu plus dans le rôle du leader déviant. Que ce soit dans un premier temps avec Jerk With A Bomb, puis avec Black Mountain et Pink Mountaintops, le Canadien ne cesse de tracer avec abnégation un sillon psychédélique qu’il n’est pas près de quitter. Après nous avoir rassasiés avec le colossal In The Future de Black Mountain l’an dernier, la troisième livrée de Pink Mountaintops débarque enfin avec un titre qui fait office de programme : Outside Love.

Intégralement consacré au thème de l’amour, celui-ci étant souvent dévoyé, le nouvel effort du groupe à géométrie variable offre à nouveau des ballades épiques et hallucinées qui prolongent que ce qu’on pouvait apercevoir sur Axis Of Evol. Que Stephen McBean approche la pop psychédélique, se laisse aller à ses inspirations folk ou glisse légèrement sur les terres de la country, on sent que ce dernier voue toujours un culte aussi grand au Velvet Underground, comme nous le prouve "The Gayest Of Sunbeams" (avec une touche electropop), et aux groupes qui ont suivi, de Mazzy Star à Jesus And Mary Chain. Luxuriant au possible, croulant sous la reverb’, on retrouve sur cet opus, outre les fidèles acolytes du collectif Black Mountain Army (notamment la vocaliste Amber Webber – vocaliste parfaite sur "While You Were Dreaming" – et le pianiste Joshua Wells qui forment à deux Lightning Dust), des personnalités telles que Sophie Trudeau de Godspeed You ! Black Emperor et A Silver Mt. Zion, Ted Bois de Destroyer, Jesse Sykes (dont la voix illumine la chanson-titre Outside Love), Josh Stevenson de Jackie O Motherfucker, Ashley Webber, une ex-The Organ que l’on a aperçue aux côtés de Bonnie Prince Billy,… Avec ce casting de rêve, l’ascension ne pouvait être que sublimée et le manque d’air inhérent à l’altitude s’estompe afin que l’on puisse contempler les sommets escarpés empruntés par les Pink Mountaintops.

À l’heure actuelle, la personnalité de Stephen McBean est sans doute l’une des plus captivantes et intrigantes de la musique indépendante. Fleurant bon les excès du psychédélisme, l’univers du Canadien est en tous points passionnant, même si le sticker placé sur Outside Love a de quoi nous faire peur : "dix chansons d’amour et haine, à lire comme un roman d’amour de Danielle Steel". Certes, s’il est question d’amour sur cet album, depuis quand Stephen McBean sent-il l’eau de rose ?