NehruvianDOOM

NehruvianDOOM

Lex – 2014
par Jeff, le 17 octobre 2014
7

Franchement il y a de quoi tirer la gueule quand on découvre ce premier album de NehruvianDOOM. En effet, quand on sait que cette collaboration entre le rookie Bishop Nehru et le daron DOOM est dans les tuyaux depuis belle lurette (déjà sur la tape Nehruvia BN rappait sur des beats de Daniel Dumille), on se dit qu’on était en droit de se retrouver avec un disque un peu plus consistant que ces neuf pauvres titres – dont une intro, le tout pour une trentaine de minutes de son au total. Enfin, pauvres, on grossit inutilement le trait. Car c’est peut-être dans cette prétendue pauvreté du projet qui réside toute la force de cette collaboration. En effet, on est ici à des kilomètres de ces albums de hip hop mi-conceptuels mi-fumeux. Avec ce disque de NehruvianDOOM, inutile de se prendre la tête ou d’intellectualiser le propos : on est dans un union qui privilégie la décontraction – en même temps, comment pourrait-il en être autrement vu la propension de DOOM à usiner du beat qui transpire la bonne weed par tous les pores. Pour épauler le producteur masqué, on peut compter sur un Bishop Nehru qu’on nous vend comme la « next big thing » en provenance de la Grosse Pomme. Next big thing, à condition d’aimer les gamins qui rappent comme si on était en 1998 et qui donnent l'impression d'avoir déjà 20 ans de métier dans la besace. En effet, technique mais pas trop, le flow de ce gamin de 18 ans manque parfois de spontanéité ou de folie, et a surtout les yeux rivés sur le rétroviseur, dans lequel il semble apercevoir les figures de proue des écuries Stones Throw ou Rawkus. Evidemment, cette attitude passéiste n'est pas un crime, surtout à une époque où un certain Joey Bada$$ fait tourner pas mal de têtes. A l'arrivée, on a beau trouver quelques défauts à ce disque (notamment le fait qu'on nous vende un EP comme un album), on y revient régulièrement, sans trop savoir pourquoi. Et c'st typiquement le genre de réflexe inexplicable qui nous fait penser que cet album de NehruvianDOOM, sans être un classique indémodable de nos discographies, fera partie de ces disques qui résistent admirablement bien à l'épreuve du temps. 

Le goût des autres :
7 Titus