Meds

Placebo

Capitol – 2006
par Popop, le 28 mars 2006
7

Les raisons de railler Placebo sont nombreuses. En dix années d’exposition médiatique quasi non-stop, le groupe mené par Brian Molko est passé du statut de sauveur du rock (souvenez-vous, c’était bien avant l’avènement des Strokes) à celui de figure emblématique du rock people qui ne dépareillerait pas sur un prime de la Star Academy. Plutôt radical, non ? Il faut dire que le parrainage de David Bowie des débuts a été remplacé au fil du temps par celui de NRJ, avec pour résultat des affiches partagées avec M. Pokora et Ricky Martin ou un duo avec Indochine. Pour sa défense, il faut souligner que cette problématique est typiquement française, le groupe ayant dans le reste de l’Europe réussi à maintenir un certain degré de crédibilité qui lui fait aujourd’hui cruellement défaut chez nous.

Forcément, quand arrive un nouvel album, l’excitation n’est pas à son comble. D’autant plus que comme mise en bouche, on a connu plus exaltant que "Because I Want You", premier single copié-collé qui n’aurait pas dépareillé sur Sleeping With Ghosts. Mais comme il y a toujours un plaisir malsain à se moquer d’un groupe à succès, on se laisse tenter par une écoute. Et dans le cas présent, on se surprend à apprécier les titres qui défilent. Car Meds, s’il aligne tous les poncifs de Placebo depuis leurs débuts (guitares nerveuses, voix geignarde, rythmique sous amphétamines), réussit un petit miracle, à savoir rendre à nouveau savoureuse une recette mille fois cuisinée.

Là où le groupe réussit à tirer son épingle du jeu, c’est en simplifiant la production à l’extrême, à l’instar de ce premier morceau où vient minauder la chanteuse de The Kills. Rien ne semble forcé, des claviers de "Post Blue" au très bon "Infra-Red" en passant par le featuring discret de Michael Stipe sur "Broken Promise". Il y a bien quelques ratés inévitables ("Blind", "Space Monkey"), mais dans l’ensemble le trio a plutôt assuré, retrouvant au passage l’inspiration pour de jolies ballades comme à l’époque de Without You I’m Nothing - leur meilleur album à ce jour et, osons le dire, le seul à vraiment valoir le détour. Au final, ça reste un disque de Placebo et on n’y reviendra pas forcément très souvent, mais avant que les mauvaises langues ne se délient, il fallait souligner que oui, Meds est plutôt une bonne surprise.

Le goût des autres :
5 Nicolas 8 Splinter