Mazes

Moon Duo

Souterrain Transmissions – 2011
par Serge, le 14 avril 2011
7

Les « trois P » font le meilleur rock, c'est bien connu : primitivisme, psychédélisme, patate. Pas besoin d'en faire des tonnes, pas besoin de chercher l'originalité à 14 heures quand il est midi, docteur Schweitzer. Les « trois P », c'est le respect de la tradition, le bon petit produit de terroir, la vraie recette de grand-père (Iggy Pop & The Stooges, Velvet et fils, Alan Vega avec ou sans Suicide, Spacemen 3...). Motards, branchés, drogués, pédés, lecteurs de livres... Le rock « 3P », c'est le rock de tous ceux tombés du côté de chez Lou Reed, le côté obscur, obscurci par le nuage né de la cuisson de champignons magiques, surtout...

Mazes s'inscrit dans cette tradition et c'est un très bon album, peut-être juste un poil trop propre. Le rock psychédélique en 2011, il faut bien l'admettre, ne remet plus rien en question, ne sert plus aucune expérience spirituelle, n'est même plus marginal. Quand on s'y pique, autant dès lors VRAIMENT s'y piquer, choisir les disques les plus allumés et frappadingues, ceux qui explosent réellement le cerveau, plutôt que les gentils petits exercices de style, aussi plaisants sonnent-ils aux oreilles. Mazes, c'est la petite profondeur de la grande piscine d'huile pour lampes. C'est joli, entraînant, respectueux des codes mais ce n'est pas « the real thing ». Un truc de poppeux lettrés plus qu'une chierie de dingues du désert abrutis par 15 ans de peyolt au petit déjeuner, donc.

Il faut le savoir et à partir du moment où c'est admis, le disque reste donc très bon, dans son style timoré. Il est l'oeuvre de Ripley Johnson (un membre du groupe Wooden Shijps) et de sa compagne, Samae Yamada. Il a été enregistré à Berlin et c'est le deuxième album que le duo sort sous ce nom. Ce ne sera jamais un classique, il ne remplacera jamais dans les coeurs ses ancêtres de 1967, leur version shoegazée britannique apparue vingt ans plus tard, ni même les dizaines de groupes actuels ayant pour gourous Anton Newcombe et son Brian Jonestown Massacre. Le couple Johnson/Yamada pratique plutôt le rock psychédélique comme d'autres le jardinage ou la piscine. Ils font ça bien et ils gagneront assurément quelques concours locaux de taillage de haies et l'un ou l'autre brevet de sauvetage en mer. Rien de plus lourd, ni de plus sérieux. Si ça peut les rendre heureux et nous faire taper du pied la banane aux lèvres durant quelques instants, qui irait s'en plaindre?