Kilimanjaro

Superpitcher

Kompakt – 2010
par Simon, le 7 octobre 2010
7

On peut le dire sans trop hésiter: s'il est devenu aujourd'hui un produit ultra-bankable, le label Kompakt doit sa renommée à quelques entités fortes. On pense directement à Michael Mayer, à Dj Koze ou à Wolfgang Voigt. Mais on ne peut parler de l'écurie de Cologne sans évoquer son petit prince, son dandy blondinet : le discret Superpitcher. S'attelant souvent, à l'instar des trois producteurs précités, à relever le niveau de compilations Total bien trop suffisantes, Aksel Schaufler a été rapidement considéré comme la conscience ultra-mélodique de la structure germanique. Flirtant souvent avec une naïveté pop criante, notre producteur a su faire de ses émotions à fleur de peau une véritable marque de fabrique. Un vrai bon client de la nouvelle génération allemande en somme.

Kilimanjaro c'est un peu tout cela en même temps : de la passion house pour popeux, du synthétisme à tous les étages et surtout une bonne dose de maîtrise pour lier la sauce. Pas de rigueur minimale ni d'austérité outrancière ici: Superpitcher taille dans l'évident, dans le directement appréciable. Dans ce contexte, Kilimanjaro passe dans l'oreille avec une facilité toute naturelle, comme un produit calculé pour être instinctivement apprécié. On y retrouve pléthore de parties vocales (rappelant la bonne surprise que fut sa collaboration avec Michael Mayer sous le pseudo Supermayer), de grooves chauds et faciles ainsi que de fines incursions organiques. Bref, on tient là un vrai bon disque « à la Kompakt ».

Ce qui n'est pas un mal, il faut le dire. Car si la logique du label en matière d'EP correspond plutôt à « beaucoup de déchets pour quelques coups d'éclats », la série des longs formats s'inscrit quant à elle dans une pérennité qui fait plaisir à entendre (The Field, Justus Köhncke, GusGus, Kaito, Matias Aguayo,...). On pourrait vouloir sortir l'un ou l'autre titre du lot (« Country Boy », « Rabbits In A Hurry », « Black Magic »), mais on préfère insister sur le fait que ce Kilimanjaro s'apprécie avant tout comme une œuvre d'ensemble – cette assimilation globale étant sûrement facilitée par les charmes pop de ces onze titres. Peut-être aussi en raison du parfait équilibre qui s'installe entre chaque track : jamais trop extatique ni inutilement mélancolique, Superpitcher impressionne par sa capacité à maintenir l'intérêt sur la longueur, à cultiver la curiosité de son auditeur. On sort donc assez satisfaits de cette tentative house/synth-pop et finalement convaincus que Kilimanjaro possède tous les atouts pour s'installer durablement dans toute bonne collection de disques de bon goût.

Le goût des autres :
5 Julien 7 Julien Gas 7 Jeff 7 Thibaut