Forme Olympique : Final Season

Tedax Max

Humble & Affamé – 2021
par Yoofat, le 1 février 2022
8

Kylian Mbappé, De La Soul ou Michael Jordan vous le diront : les meilleures choses de ce monde vont par trois. Ainsi, quand on est un rappeur français du gouffre (en terme de notoriété) et qu'on a du feu à cracher, il est de coutume de se présenter à l'aide de trois courts projets. Ainsi naissent les Alph Lauren, les La Vie Augmente, et donc, ces trois projets dont il sera question dans cette chronique : Forme Olympique, Forme Olympique : Middle Season et ce Forme Olympique : Final Season du nouveau canonnier rhodanien de ce rap jeu, Tedax Max

"De Rue Paul Bert à Place Voltaire, tu connais l'corner". Difficile de se tromper sur le quartier de Tedax Max puisqu'il en a carrément fait un gimmick à part entière. Rappeur méconnu jusqu'à ce qu'il enchaîne quelques sorties remarquées fin 2020 (notamment l'excellent "Drillotière"), le Lyonnais a vite su embrayer et proposer le premier Forme Olympique dès janvier 2021. En plus d'être un joli petit clin d'œil au club de sa ville, Forme Olympique décrivait surtout l'état d'esprit du MC.

Ici, les egotrips fusent certes, et vu son niveau de rap, Tedax Max serait bête de s'en priver. Mais notre homme n'est pas du genre à porter du chinchilla et à beugler des insanités pour faire l'intéressant comme certains de ses pairs. Au contraire, il fait ses affaires dans le fond, de l'autre côté du pont de la Guillotière, à l'abri des oripeaux de la presqu'île. Son rap retranscrit plutôt bien cette ambiance et les instrus de Kon Queso ou de Butter Bullets sur lequel le MC étale sa (con)science font davantage penser à  Mobb Deep ou Griselda qu'à Jay-Z ou aux Diplomats.

Pas trop du genre à faire la fête, mais plutôt à célébrer ce bitume qui colle à ses TN, Tedax Max n'omet néanmoins pas de mettre du style dans son rap, à grands coups de phases longues, référençant la culture par laquelle il est piqué. Et quand il se prend pour The Game, il namedroppe une kyrielle de rappeurs, de The Jacka à Cory Gunz en passant par Big L ou Joe Lucazz et son acolyte Cross. Quand on sent une sorte d'envie de plaire chez des rappeurs qui s'en vont nommer des références assez faciles à capter pour le commun des mortels s'intéressant un peu au rap, OG Max va pousser la ref un peu plus loin, sans doute dans l'espoir de chercher le clin d'œil des personnes aussi pointues que lui. Plutôt que de comparer son tandem avec un autre talent à suivre du 69, Laws Babyface, à l'évident binôme Jordan / Pippen, Tedax Max opte pour l'autre côté de la pièce avec les terribles Bad Boys des Pistons que furent Isiah Thomas et Bill Laimbeer. Plutôt que de chercher à s'identifier à Stringer Bell ou à Avon Barksdale, comme 99% des rappeurs français ayant vu The Wire, lui sort la tirade de Bodie pour illustrer son attachement toxique au quartier et son envie de s'en affranchir. 

En trois projets, Tedax Max a montré qu'il faisait d'ores et déjà partie de la crème de la crème des rimeurs francophones. Si la tentation de le comparer à Alpha Wann ou Freeze Corleone est bien réelle, il serait toutefois plus judicieux et juste de le relier à Gizo EvoracciIsha ou Raph Gpw, eux qui cherchent à réinventer les règles pour les MC's d'un âge avancé. Leur objectif est bien sûr de devenir aussi riches que leurs rimes, et même si on a l'impression qu'il est désormais possible d'exister en étant "simplement" un kickeur d'exception, on imagine le chemin piégeux et labyrinthique qui les attend. L'essentiel néanmoins est de conserver cette qualité dans le rap et pour cela, on n'a pas trop besoin de s'en faire avec OG Max. 

Le goût des autres :
8 Ruben 8 Jeff 8 Elie