Floating Coffin

Thee Oh Sees

In The Red – 2013
par Pauline, le 30 avril 2013
8

La discographie de Thee Oh Sees, si on compte en plus les démultiplications de son leader John Dwyer (Oh Sees, OCS...) devient de plus en plus difficile à suivre. Chaque saison apporte son lot de disques du groupe californien. On se réchauffe dans ses guitares fuzz l’hiver et on danse l’été sur les rythmes effrénés. Et en étant toujours présents, toujours meneurs du renouveau du garage, les Thee Oh Sees semble vouloir inverser la flèche du temps en remplissant autant que possible une carrière fulgurante et en s’acharnant à n’être que dans le présent. À chaque album, le groupe ferme un chapitre, tourne la page et semble déjà avoir un nouveau disque dans les cartons. Pas le temps de revenir en arrière, la musique n’attend pas. Dans cette course de fond qu’a entamé le groupe sur son propre label Castle Face, Floating Coffin marque une nouvelle étape. Et encore une fois, elle est validée haut la main.

Plus les disques se rapprochent, plus la carrière des Oh Sees dessine ses formes, dévoile ses intentions. On ne doute pas que d’un album à l’autre, la bande de Dwyer n’a aucune idée de ce qui va advenir le lendemain, et c’est aussi ces expérimentations d’un disque à l’autre qui font toute la saveur de sa discographie. D’un disque très rock comme Carrion Crawler / The Dream aux envolées pop de Castlemania, chaque tentative résulte d’un nouveau virage serré. Par tâtonnements successifs ils réussissent à fonder une discographie complexe, un panorama du possible, un cheminement de plus en plus clair dans une histoire rock moderne fourmillante et bordélique.

Avec le temps, et presque imperceptiblement, les Thee Oh Sees abandonnent une immédiateté brûlante de la jeunesse pour voguer vers un psychédélisme au long court. On surfe doucement sur une lente vague, notamment sur le plus beau morceau du disque "No Spell", et son gimmick entêtant. Les voix se mêlent, la guitare martèle toujours avec la même urgence, et que les inquiets se rassurent : malgré son penchant pour l’abstraction et le psychédélisme, on headbang toujours sévèrement chez les Oh Sees sur "The Floating Coffin", "Strawberries" ou "Night Crawler". Et les facultés de Dwyer d’écrire des morceaux pop parfaits ne sont pas non plus en reste. "I Come From The Mountain" et "Minotaur" en sont les plus flagrantes preuves.

Jamais fatigués, jamais essoufflés, toujours prêts à accueillir le jour suivant, les membres de Thee Oh Sees n’ont plus peur de rien. On en a pour preuve cet album, l’un de leurs plus beaux, à la fois tendre et féroce, preuve d’un équilibre nouveau et d’une vitalité sans faille. Jusqu’au prochain.

Le goût des autres :
8 Jeff 8 Duke