FabricLive.61

Pinch

Fabric – 2012
par Simon, le 18 janvier 2012
7

Jamais chroniquer un épisode de la série FabricLive n’a paru aussi difficile. C’est que c’est enfin venue l’heure pour ce géant de Pinch de venir apporter sa pierre à l’édifice de la série phare du club londonien. Alors, forcément on prend des pincettes, on fait gaffe à ne pas galvauder son jugement face à celui qui a été notre meilleur professeur de dubstep depuis toutes ces années. Mais malgré les écoutes répétées revient toujours cette sempiternelle question : cette sélection n’arrive-t-elle pas tout simplement trop tard ? A l’heure des mutations incessantes que connaît le genre depuis deux ans, que représente encore l’effort du prodige de Bristol ?

Car soyons clairs, pour beaucoup, et on en fait partie, le plus haut fait d’armes de Pinch derrière les platines remonte à 2007, moment pour l’Anglais de lâcher son désormais mythique « Dubstep Vs Techno Mix » pour l’émission nocturne de Mary Anne Hobbs sur la BBC. Tant de créativité, de dynamisme et d’émulation pour une sélection qui en impose toujours autant quatre ans plus tard. Cette demi-heure de musique cristallisait l’apogée du son dubstep/techno, et pour être honnête, elle vaut encore aujourd’hui tous les FabricLive du monde. Peu importe, tout cela s’apparente à de la mauvaise littérature si on s’en tient à cette version 2012 de la science de Pinch derrière les platines.

Globalement on peut tirer deux énormes points positifs de ce FabricLive.61, qui sont indissociables de la personnalité débordante de Rob Ellis. Premièrement, cette sélection en chambre est massive à souhait. Ce qui n’est pas nécessairement un gage de qualité à ce stade. Cela confirme surtout que l’Anglais est toujours resté loin des diktats post-dubstep qui tergiversent sans cesse sans rien offrir de bien consistant. Mais le vrai point positif de ce FabricLive.61 c’est que chaque track participe à un mouvement global. Le coup de force de Pinch, c’est d’asservir chaque plaque, de la dominer et de l’inclure dans une sélection forcément cohérente et pas mal dynamique. A partir de là, son dubstep peut se gaver d’acid-techno, de house ou de d’obsessions old-school, il traverse un continuum espace-temps qui a tout de solide. C’est sûrement ça l’ADN Pinch, cette facilité à rendre le dubstep docile, à le maintenir urgent et à en extraire le cœur même. Alors bien sûr, il faut impérativement dégager certains passages des dix dernières minutes de la sélection, absolument dégueulasses par leurs aspects fidget – ce qu’on n’explique toujours pas dans le chef de pareil artisan.

Le constat est donc celui-là: l’effort de Pinch pour la série possède d’indéniables qualités et surtout un noyau durable. Disons simplement qu’on ose à peine imaginer le carton que l’Anglais aurait pu faire il y a quatre ans dans les mêmes conditions. Au-delà de ce débat de vieux cons (enfin pas tant que ça), on tient là une bonne sélection,  mixée intelligemment.

Le goût des autres :
7 Thibaut