Endling

Kvelertak

Rise Records – 2023
par Guigui, le 19 septembre 2023
5

En 2011 débarquait un peu comme un cheveu gras dans le potage bien épais de la scène metal un sextet norvégien qui apportait un vent frais dans un univers qui, à l’époque, tournait un peu en rond et jurait par les albums à la production clinique et sans âme. Son objectif? Produire une musique polymorphe dans laquelle se retrouveraient des influences punk, black metal, rock’n’roll, heavy ou stoner, le tout chanté en norvégien. Un choix osé mais payant, et un coup d’essai transformé en coup de maître avec un premier disque éponyme (produit par Kurt Ballou de Converge) puant le talent et l’urgence. Kvelertak (« mainmise » en norvégien) ne se présentait pas comme le porte-étendard du black’n’roll puisque ce genre de mariage avait déjà été remis au goût du jour quelques années auparavant par Darkthrone ou Satyricon, toutefois le groupe avait le mérite de proposer cela à un public un peu plus large que les trve initiés.

Endling est le cinquième album de la formation, et surtout le 2e sur lequel officie Ivar Nikolaisen après le départ de son très bon prédécesseur Erlend Hjelvik parti pour se concentrer sur d’autres projets. Et la curiosité est toujours de mise car depuis l’arrivée de Nikolaisen, les compositions de Kvelertak mettent un accent plus prononcé sur la mélodie et les envolées de voix claires au point qu’une partie de l’identité musicale s’est vue modifiée depuis Splid, sorti en 2020. Davantage de nuances ou virage assumé vers quelque chose de plus grand public ? Qu’en est-il donc du petit dernier à la mise en son encore une fois assurée par le Sieur Ballou ?

Dès « Kroterveg Te Helvete », Kvelertak clive. Outre son intro à rallonge, la plage qui ouvre Endling étonne par les idées qu’elle renferme. Avec une petite tendance à l’exagération, on pourrait dire que ce premier single aurait sans doute donné matière à 3 compos pour n’importe quel autre groupe officiant dans le style. La suite s’annonce du même acabit avec des morceaux plus chargés que par le passé, et donc bien moins directs. Et tout comme sur le précédent album, les voix claires sont légion et quelques passages chantés à l’unisson dans un style punk des familles se taillent parfois une place de choix. Le constat est assez clair, le black’n’roll des débuts se voit peu à peu remplacé par une sorte de punk à la limite du progressif au manque d’accroche assez criant et à l’agressivité toute relative.

On ne peut néanmoins pas cracher dans la soupe tant l’exécution est à la hauteur, mais il faut aussi avouer qu’à jouer sur tellement de tableaux, le groupe nous perd assez vite en chemin. Il y a bien quelques riffs massifs qui nous rappellent les plus belles heures de la formation originaire de Stavanger ("Likvoke" est un bon exemple), mais on ressort de l’écoute de ce Endling avec l'impression que le disque veut trop en faire pour convaincre un maximum de monde - pire encore, Endling risque de voir partir vers d'autres latitudes celles et ceux pour qui les 2 premiers albums du combo norvégien ont fait de lui ce pourquoi on l’aime.

Le goût des autres :