Desperate Ground

The Thermals

Saddle Creek – 2013
par Jeff, le 24 avril 2013
8

Un album des Thermals avoisine quasi invariablement la demi-heure. C’est d’ailleurs à peu près le temps qu’il faut désormais au chroniqueur qui suit le groupe depuis ses débuts pour boucler son papier. Car en une bonne dizaine d’années d’existence, on ne peut pas vraiment dire que le groupe de Portland ait vraiment évolué – ou cherché à évoluer. Dès ses débuts sur Sub Pop à l’entame des noughties, on décelait déjà chez la bande à Hutch Harris et Kathy Foster une sacrée envie de vivre son art pied au plancher, d’envoyer du bois sans jamais penser à une possible surchauffe. Certes, avec les années, la fougue punk et adolescente a fait place à des considérations un peu plus philosophiques (on pense notamment aux revendications politico-religieuses du brûlot The Body, the Blood, and the Machine), mais jamais cela ne s’est traduit par une perte de vitesse, au sens propre comme au sens figuré.

On peut même dire que Desperate Ground, premier album du groupe pour Saddle Creek, constitue un retour aux sources bienvenu après deux albums qui exploraient un côté un peu plus pop, lisse et weezerien des choses. Ainsi, ce sixième album, marqué par des textes d’une noirceur jamais entrevue chez les Thermals jusqu’ici, est d’une redoutable efficacité et fait instantanément penser aux imparables fuites en avant que sont Fuckin’ A ou More Parts Per Millions.

Comme ces deux albums, Desperate Ground ne marque pas tant par l’efficacité de l’un ou l’autre titre qu’il séduit par la cohérence d’un ensemble qui ne laisse pas l’auditeur prendre la moindre respiration. Tout est joué dans l’urgence la plus totale, tout est scandé avec une conviction qui donnerait au plus apathique des hippies l’envie d'aller terroriser une bande de marathoniens. Certes, il manque peut-être un tube à la « A Pillar of Salt » ou « Here’s Your Future » pour qu’on gueule ‘Banco!’ comme des putois mais il n’en reste pas moins qu’un disque des Thermals aussi déchaîné que celui-ci restera toujours une valeur refuge pour tous les amateurs de grosses guitares et de power punk.

Le goût des autres :
8 Denis