Coexist

The XX

Young Turks – 2012
par Maxime, le 10 septembre 2012
6

Deux ans après un premier opus éponyme salué par un succès critique (Mercury Prize en 2010) et un public certain, et après deux titres lancés en éclaireurs au cours de l'été, le quatuor devenu trio The XX creuse son sillon avec Coexist. Dès les premières mesures on replonge avec plaisir - mais sans surprise - dans l'univers si particulier du groupe : ainsi les aficionados sont prévenus, ils ne seront pas déboussolés par "Angel" et "Chained", les deux plaisants morceaux introductifs, qui auraient pu tout aussi bien se retrouver sur The XX en 2009. Le groupe reprend donc son histoire au point exact où il l'avait laissée, sans révolutionner sa musique si caractéristique.

Car les amateurs comme les détracteurs en conviendront sans mal: il y a un son The XX, reconnaissable immédiatement à cette formule basse/guitare minimaliste, ce duo de chants éthérés et ces ambiances mélancolico-synthétiques. Et Coexist ne déroge pas à ce cahier des charges, même si au fur et à mesure que l'on avance dans le disque on note une volonté d'épicer un peu la recette. Cette (relative) évolution est illustrée par l'importance de plus en plus grande prise par Jamie XX au sein du groupe, également le seul membre a s'en être un peu émancipé (production de l'album de remix de I'm New Here de Gil Scott-Heron ou deux titres solo plutôt bien gaulés l'an dernier). Cela s'entend particulièrement sur l'enchaînement "Reunion-Sunset" ou le plus dynamique "Swept Away", globalement les trois meilleurs morceaux de la galette, dont la rythmique et les accents presque dubstep viennent casser un peu la routine d'un disque qui sinon à tendance à ronronner un peu trop.

Finalement le principal reproche que l'on peut adresser à Coexist est son manque d'audace: l'ambiance est toujours aussi soignée, la production léchée, mais petit à petit s'installe l'impression un peu dérangeante que le groupe a perdu sa candeur originelle et ne sait pas exactement par quoi la remplacer. La mélancolie et les fantômes sont toujours là, mais tout cela sonne plus calibré que sur le premier essai, moins direct sans être plus cérébral, installant une sorte de fausse naïveté artificiellement entretenue. Au final The XX fait ce qu'on attendait eux, ni plus ni moins, déroulant sa partition sans s'en éloigner. On regrette un peu que le groupe n'ait pas innové davantage en imaginant ce qu'aurait pu être un disque plus audacieux dans lequel il aurait vraiment lâché la bride de son manitou expérimentateur Jamie XX. Mais l'écoute reste agréable, et les fans seront sans aucun doute comblés par ce second disque qui s'inscrit dans la droite ligne du premier sans pour autant transformer l'essai.

Le goût des autres :
5 Laurent 6 Soul Brotha