Butter

Hudson Mohawke

Warp – 2009
par Simon, le 10 décembre 2009
7

Quand à quinze ans seulement on est le plus jeune finaliste du championnat du monde de deejaying DMC, on a le droit d’envisager son avenir musical sous les meilleurs auspices : Dj Shadow, Birdy Nam Nam, Dj Kentaro Dj Yoda et autres A-Trak le savent mieux que personne, ce concours est une porte ouverte aux plus grandes opportunités. Et pour celui qu’on appelait autrefois Dj Itchy, la destinée fut claire et toujours ascendante : après un travail intensif de 2005 à fin 2008, Hudson Mohawke signe un premier EP sur le label anglais Warp (Polyfolk Dance), enchaîne avec une invitation remarquée sur la très influente émission de radio de Mary Anne Hobbs pour finalement signer son premier album sur Warp. On a connu pire.

Mais plus qu’un nouvel ersatz abstract hip-hop, Hudson Mohawke porte avec lui tous les espoirs d’une scène qui se tourne à la fois vers l’electro et l’electronica, que tous s’accordent à placer sous le sceau du « wonky ». Largement influencée par son collègue de label Flying Lotus et par toute une équipe de producteurs hip-hop 2.0 (Nosaj Thing, Rustie, Samiyam, Dimlite,...), la musique d’Hudson Mohawke aurait pu rester un simple exemple d’une nouvelle scène en ébullition si Butter n’était pas là pour affirmer la singularité de l’Ecossais. Car ce premier album est beaucoup moins boiteux que l’ensemble des productions du genre, virant directement dans des gimmicks tropicaux faits de beats à contretemps et de claviers aux couleurs pastel. On pense souvent aux indispensables Outkast (surtout quand le chant est de la partie) si la formation avait plus souvent intégré le P-Funk et les ambiances « Miami Vice » dans ses compositions. Les vignettes se succèdent et l’ensemble tient debout avec bien plus de solidité que prévu, c’est bien simple, on ne s’ennuie pour ainsi dire que rarement et on apprivoise très rapidement cette nouvelle patte à l’imagination débordante. La précision est de mise et le travail de composition révèle tout le talent et la vista du plus américain de tous les Ecossais, rien de bien étonnant finalement pour un producteur ayant voyagé si tôt dans les plus hautes sphères du hip-hop.

Pour être honnête (votre serviteur n’étant pas un convaincu de cette nouvelle scène wonky), on doit bien avouer qu’on n’attendait pas un tel succès de la part de Hudson Mohawke, qui nous avait habitués à un son autrement plus consensuel et pataud sur son Polyfolk Dance EP. On se ravise donc et on conseillera donc Butter à tous les amateurs d’abstract hip-hop d’avant-garde, et plus largement à tous ceux qui rêvaient de mettre un peu de fluo et d’Amérique dans un hip-hop instrumental parfois moribond. Une belle surprise.

Le goût des autres :
7 Julien