Belong

The Pains of Being Pure at Heart

Slumberland – 2011
par Pauline, le 23 mars 2011
4

Difficile de parler du nouvel opus de The Pains of Being Pure at Heart sans essayer d'analyser ce qui fonctionnait sur le précédent album et qui ne marche plus du tout sur celui-ci. Il y a deux printemps, on écoutait leur album éponyme en boucle, et on trouvait ça super cool, frais et joyeux comme une salade à la féta en plein été. Pourtant, dès le premier morceau de cette cuvée 2011, "Belong", on sent le changement profond et malheureux qui s'est opéré au sein du groupe. Là où le premier album était spontané, urgent, hautement émotionnel et extrêmement touchant, le deuxième album est poussif, long, laborieux et indigeste. Mais que s'est-il donc passé ? Il est bien difficile d'imaginer qu'un groupe puisse être un tel feu de paille. Et pourtant ! À l'écoute de Belong, il n'y a plus de doute possible : le concept "Pains of Being Pure at Heart" est une coquille vide.

On s'en doutait pourtant, puisque peu après les écoutes agréables de leur premier album, les concerts laissaient deviner un certain vide intersidéral. La voix sucrée du chanteur était plutôt un filet de son sans âme, Peggy chantait faux, ils ne tenaient pas plus de trente minutes sur scène, et on était bien obligés de les regarder fixement et très longuement pour vérifier s'ils étaient toujours en vie. Ce qui étonne avec l'évolution du groupe, c'est que là où le premier album était un très joli hommage à Sarah Records, celui-ci ressemble fort à une parodie du genre : thèmes adolescents poussés à l'extrême ("teenage dreams, i cannot forget you" - …), musiques calquées sur les Field Mice ("My Terrible Friends", pâle copie de leur impeccable "Fabulous Friend"), voix mielleuse… L'ennui est diffus. Ce n'est pas un album qui donne envie de se taper la tête contre les murs d'agacement, non, c'est plutôt une galette presque taillée pour les bandes FM, qui ne se refuse aucun cliché, aucune facilité, et qui se repose sur des lauriers pourtant très fragiles. Après un seul album et quelques EP, il était peut-être un peu tôt pour nous faire bâiller. Pourtant, Belong est un disque qui ressemble à une mauvaise copie de Jesus and Mary Chain ou à une terrible imitation de Slowdive période Souvlaki ("Anne With An E"). Le groupe a tout changé dans sa façon d'arranger sa musique : les synthés, identité sonore du groupe, sont relégués au fond du décor, tandis que la boîte à rythme et les guitares sont mises en avant, le tout baignant dans une production au millimètre, très propre. On est ainsi assez loin des influences du premier album, qui se situaient plutôt vers la fin des années 90. Du coup on se dit que dans 6 ou 7 ans les Pains of Being Pure at Heart feront peut-être une musique de 2010.

Vous l'aurez compris, il y a quelque chose de très lassant dans cette musique ultra-référencée, presque copiée/collée, même si certains morceaux font mouche ("Heart in Your Heartbreak", "The Body"). Cet album est bourré de lourdeurs (le très poussif "Teenage Dreams"), là où la plupart des réussites du précédent résultaient dans la légèreté des compositions, des arrangements et des voix. Ici, on ne se refuse aucune superposition sonore malvenue. Leur musique en devient aseptisée, trop chargée (tant au niveau sonore qu'au niveau des références). Aussi fraîche qu'un vieux lifting raté, elle nous rappelle que la nostalgie n'a franchement rien de bon. Sarah est morte et enterrée, et il ne nous reste qu'à avancer sans elle, au lieu de déposer ses cendres dans cette vieille urne sur laquelle est gravée "the Pains of Being Pure at Heart - Belong".

Le goût des autres :
7 Thibaut 7 Michael 6 Laurent