Future

Future

Freebandz – 2017
par Tariq, le 28 mars 2017
8

Sur son nouvel album éponyme, Future finalise sa mue en supernova : l'étoile y meurt à petit feu, se consumant de l'intérieur et provoquant une déflagration qui, vue de la Terre, rayonne davantage que des galaxies entières. Il a souvent été dit qu'avec son troisième opus solo, DS 2 en 2015, Fewtch' avait définitivement aboli la frontière qui séparait ses mixtapes de ses albums studio. Ce n'est que partiellement vrai : sur Dirty Sprite 2, la production est plus ample et la narration davantage affirmée que sur sa récente série de tapes. C'était également le cas sur son successeur, EVOL, qui en conservait la matière la plus noire et la plus toxique - et qui lui était peut-être même supérieur.

Ce 5ème album solo vient davantage s'inscrire dans la lignée des mixtapes 56 Nights et Purple Reign. Ici, l'instrumentation est froide et décharnée ; des paysages électroniques désolés qui se contentent de ressasser les mêmes sempiternels kits de batterie. Ainsi, Future vient compléter - refermer ? - une sorte de trilogie glacée. Les habituels Metro Boomin et Southside s'y font plus discrets qu'à l'accoutumée : le rappeur est ici seul, au centre de l'attention. 

Profitant de cet espace, il y aboie un chant du cygne d'une beauté déchirante. Difficile d'extraire un moment en particulier de cette interminable variation autour du thème de la décadence. Peut-être ce "P.O.A" où Future n'est plus qu'un vaisseau alien lancé dans une course auto-destructrice, fumant, calcinant et recrachant des nuages de fumée noire. Ou encore ce "High Demand", à la mélodie poignante, où il évoque tous azimuts ses diamants qui dansent comme Chris Brown, le fait qu'il n'ait plus à fouler le sol (car il se rend aux matchs de NBA en hélicoptère), ou son dernier achat en date : un cercueil pour y enterrer son argent. 

Que dire d'autre ? Il y a ces quelques trouvailles géniales où le sudiste parvient à transformer une onomatopée débile en gimmick pop : les "ouin" nasaux et plaintifs de "Good Dope", les "scrape, scrape, scrape" anémiques de la piste du même nom, les "mmhh, mmhh" comprimés de "I'm So Groovy", etc. Mais soyons honnêtes, il y a peu de vraies innovations sur ce projet : c'est le quotidien du Future que l'on connaît qui est décliné sur tous les tons. En 2017, ce n'était plus à lui de révolutionner le genre, tout cela il l'avait déjà fait des années auparavant. Sur Future, l'astronaute d'Atlanta continuait simplement de peindre la fresque la plus noire et la plus dépressive de l'histoire du rap.