D'Angelo : un dump pour éclairer la légende
D’Angelo nous a quittés en octobre dernier, à 51 ans seulement. Et on imagine que ce qui suit est en quelque sorte la préface de nombreuses actus de ce type à venir. Mais commençons par le commencement : à une époque où Red Bull mettait ses sous de façon assez intéressante dans la musique, D'Angelo avait fait en 2014 comme Madlib, Theo Parrish ou Moodymann avant lui : accorder une longue interview à la Red Bull Music Academy.
Au cours de celle-ci, un certain Questlove était à plusieurs reprises monté sur scène pour contribuer aux échanges – logique vu qu’il a souvent officié derrière les futs pour lui. Vers la fin de l'entretien, le métronome de The Roots évoquait un inédit , « Bitch », enregistré en 1996 lors des mêmes sessions qui ont donné naissance à « The Hypnotic », la collaboration The Roots x D’Angelo sur l'album Illadelph Halflife.
Pour Questlove, on tenait là les débuts de la période Voodoo de l’artiste – du nom de l’album qui allait sortir 4 ans plus tard et faire entrer instantanément D’Angelo au panthéon du R&B moderne. Le style Voodoo, au-delà du magnétisme affolant et du groove fondant de D’Angelo, c’est une musique très influencée par le travail des Soulquarians, le collectif des producteurs au sein duquel on retrouvait un certain J Dilla, l'homme aux "drunk beats". Pour la petite histoire, il faut se rappeler que l’enregistrement de Voodoo s’est déroulé de façon très particulière, sans réelle structure : aux Electric Lady Studios, les Soulquarians avaient en quelque sorte élu domicile et bossaient concomitamment sur le Mama's Gun d'Erykah Badu et le Like Water for Chocolate de Common. Ou comment façonner le son d’une génération. Et d’une époque.
Tout ça pour nous ramener à ce fameux « Bitch » évoqué par Questlove, et qui à l'époque déjà en disait long sur ce qui allait suivre. Le morceau fait partie d’un énorme dump de fichiers qui a fait son apparition sur la toile ces derniers jours – et que vous pouvez consulter ici. Sur ce Google Drive, beaucoup de live, des enregistrements de répétitions (comme celles de la prestation de D’Angelo pour l’hommage à Prince au Carnegie Hall en 2013) ou l’émission que lui avait consacrée Gilles Peterson à sa mort. Bref, un cadeau de Noël, un vrai.
On vous laisse vous y perdre pendant les vacances, et on se limite à vous partager cet enregistrement de « Bitch » dont la qualité se situe autant au niveau de l’écriture que de du son.