The Bells

Kornél Kovács

Studio Barnhus – 2016
par Jeff, le 3 novembre 2016
8

Parmi les choses extrêmement cool auxquelles on associe les pays nordiques, il y a le design. Aujourd’hui devenu une industrie qui pèse des milliards d’euros, le design dans ces fraîches contrées répond à un cahier des charges que même le dernier des péquenauds pourrait décrire en quelques secondes à peine : des lignes claires, un dessin épuré, des couleurs reposantes et un look moderne mais néanmoins rempli d’élégants clins d’œil au passé. En gros, une espèce de simplicité absolument ravissante et irrésistible que beaucoup d'arrivistes tentent de reproduire, sans jamais vraiment y parvenir. Et Kornél Kovács, producteur basé à Stockholm, c’est l’efficacité du design à la nordique transposée dans la production d’un beau disque de musique électronique qui met autant les guiboles que les neurones à contribution. Et puis accessoirement, Kornél Kovács, c’est aussi un type fort talentueux qui vit dans l’ombre de son pote Axel Boman, avec qui il gère le label Studio Barnhus. Et comme ce dernier, il a développé avec le temps un amour pour une house classieuse et riche, qui joue énormément sur la pureté des émotions et des textures. En d’autres termes, une musique très belle, mais qui a l’intelligence de ne pas tomber raide dingue de son propre reflet. Mais avant d’en arriver là, Kornél Kovács a mangé à beaucoup d’autres râteliers et cela s’entend. En filigrane de ce premier long format, on entend un peu partout des influences italo, disco ou techno, qui enrichissent un peu plus encore la palette chromatique avec laquelle s’amuse le Suédois. Ce dernier verbe a d’ailleurs toute son importance quand on écoute le disque : là où des gens comme Axel Boman ou DJ Koze (avec qui il partage aussi quelques points communs) prennent leur art très au sérieux, Kornél Kovács semble convaincu qu’il est indispensable de jouer avec son auditoire. Ne pas le prendre pour un con, non, mais s'amuser à truffer son travail de contre-pieds ou d'easter eggs qui titillent la curiosité et amènent invariablement à questionner la manière dont le disque a dû se construire. Ainsi, c'est cet équilibre assez subtil entre vrais titres de dancefloor (immense poke pour la plage-titre) et jolis moments de musique électronique à la subtile ironie qui pimentent l'expérience et rendent The Bells véritablement intéressant et finalement assez unique en son genre.