The Beekeeper

Tori Amos

Epic – 2005
par Popop, le 15 février 2005
6

Que reste t-il de la Tori Amos des débuts et de ces disques troublants et tourmentés qui façonnèrent la réputation de la belle rousse ? A l’écoute de ce huitième album (en comptant le Strange Little Girls de 2001 entièrement composé de reprises), on a envie de dire pas grand-chose. Exit les expérimentations en tous genres. Exit la hargne et la révolte. Exit également les surprises. Déjà, Scarlett’s Walk, son disque post-11 septembre publié en 2002, dévoilait une écriture certes efficace mais un peu systématique et prévisible. Et puis surtout, le disque traînait trop en longueur, jusqu’à se complaire dans l’autosuffisance. The Beekeeper, avec ses 19 titres et ses 78 minutes de musique tombe malheureusement dans le même travers que son prédécesseur.

Pourtant, les bons moments sont légions sur ce disque à la ligne directrice un peu fumeuse, sorte de voyage mystique au cœur de 6 jardins (chaque morceau étant rattaché à un jardin, mais sans que cela suive l’ordre du disque ou que l’on retrouve une thématique lyrique ou sonore). Déjà, Tori Amos a su renouveler un peu son catalogue musical, travaillant énormément avec l’orgue et avec une chorale de gospel, donnant ainsi naissance à quelques franches réussites comme "Sweet The Sting" ou l’étrange "Witness". Ensuite, pour son premier duo sur disque, elle a choisi de s’allouer les services de la star montante du songwriting dépressif, Damien Rice, qui vient poser sa voix sur "The Power Of Orange Knickers". Enfin, il faut admettre que la dame sait encore écrire de très jolies choses, et des titres comme "Marys Of The Sea", "Toast" ou "Parasol" devraient faire des merveilles lors de sa prochaine tournée.

Mais pour être honnête, The Beekeeper aurait du être écourté de quelques vingt bonnes minutes, afin de donner plus d’espace aux compositions majeures et de faire l’impasse sur quelques horreurs. Reine déchue, l’abeille Tori Amos se révèle néanmoins une ouvrière chevronnée qui ferait bien ne pas trop abuser du pollen dans les années à venir, sous risque d’allergie.