Submersus

Hell

Sentient Ruin Laboratories – 2025
par Simon, le 6 novembre 2025
7

Ce doom metal-là, on le connait et il n'a rien de chouette. Son rapport à la drogue n'a rien de fantasmagorique, son groove ne nous fait pas marrer, la vibration de ses guitares sous-accordées nous brûle l'âme comme un feu grégeois. La longue et lente descente n'est là que pour poignarder le cœur et mettre fin à toute notion d'avenir. Adieu les rires, adieu la sérénité, bonjour la misanthropie et l'absolu besoin d'en finir. Bonjour Hell donc, et bonjour à ton cinquième album, à la suite de ta discographie qui ne cesse de coller à la peau de nos vies normales comme une vieille tumeur qui ne se soigne que difficilement. 

Ceci est ton jour, Hell, ton heure même. Celle où tu brilles sur le seul mode qui te convient vraiment : celui du négatif. Lui, l'enfant triste et turbulent qui ne compte comme seuls amis que les légendes du désespoir, de Mizmor à Thou, de Primitive Man à Ancestortooth, semble aujourd'hui dans la maîtrise totale de son environnement. Suffisamment en tous cas pour s'ajouter au catalogue déjà bien fourni du doom metal nourri à la haine de l'autre, à la haine de soi. Il y a du Khanate dans la structure haineuse et presque aléatoire des séquences, du Teeth of Lion Rules The Divine dans l'acidité nécrotique des guitares, du Sunn O))) à toutes les étapes, du Bell Witch pour toutes les parties funèbres qui donnent envie de crever dans l'éther (la fin de « Gravis », « Factum »), du Sleep sataniste dans l'utilisation ad nauseam de thèmes en apparence simplistes et du Leviathan dans la capacité à vomir de douleur sur bandes.

Si Submersus parait quelques fois désaxé dans sa narration, il y a tellement d'intensité chez Hell, tellement de haine pure, tellement de conscience dans la manière d'aborder le code de la lenteur misanthrope qu'on serait prêts à tout lui pardonner. Une fois lancé, Submersus est impossible à esquiver. Il enveloppe son environnement direct de sa négativité comme une couche de cendre qui salope absolument tout. Ce disque est poisseux et métallique, rouillé et abrasif. Il est tout ce qu'il y a de mauvais en nous, tout ce qui souffre, tout ce qui fait mal en tombant. Hell est tout ce qu'on ne veut pas vivre au quotidien, ce qui casse et ne se répare pas. Hell est nous, Hell est les autres. Hell est vivant, Hell est mort, qu'importe. Il est le souvenir, la trace indélébile de la souillure. Pour qu'on n'oublie jamais de célébrer la vie aussi par la mort, la joie par la dépression. 

Le goût des autres :