Prime

Imperialist

Transcending Obscurity – 2025
par Simon, le 8 octobre 2025
7

Le défi de cette chronique se situe surtout dans ce qu'on va essayer de ne pas dire, dans la mesure où il faudra ici sans cesse refréner notre envie de vous noyer sous les références obscures à l'univers de Warhammer 40.000. Si les nerds comme moi, une fois adultes, ont maîtrisé l'art d'épargner les profanes avec ce qui constitue, pour beaucoup d'entre eux, leur premier véritable amour adolescent, nous sommes parfois à la limite de la rupture une fois déclenché sans prévenir. À ce moment précis, il est bon de se cacher pour esquiver de justesse les tunnels de paroles que je peux vous mettre. Et bon dieu, ce disque d'Imperialist est le pire des tentateurs. Une tentation qui nous a amené à nous envoyer ce troisième album des Américains un paquet déraisonnable de fois dans un délai beaucoup trop court pour en convenir sans trop de détour que Prime est bien l'excellent disque de black metal mélodique qu'on espérait.

Un triplé qui semble exemplaire donc puisque Exil et Cipher avaient déjà entamé en 2018 et 2021 la grande histoire cosmique de Imperialist, et de quelle manière. Une chose ne semble pas changer ici, c'est cette capacité des Américains à écrire des road movies de science-fiction en ne cédant jamais à la folie pompière de ses effets spéciaux. A défaut de trop en faire sur la décoration, Imperialist propose un black metal véloce archi-tendu qui sonnerait presque comme minimaliste si leur amour pour la technique et les attitudes guitar hero ne versaient pas tant ce troisième album dans la pyrotechnie. On pense alors évidemment à Vektor (sans la partie thrash metal) ou plus récemment au très bon dernier disque de Valdrin. Mais là où pas mal de formations du genre rajoutent une trame dramatique avec pas mal d'habillage sci-fi au Stabilo, Imperialist a en lui cette attitude militaire qui pousse tout l'équipage du vaisseau-mère à donner des ordres secs, impossibles à trahir, sans devoir en rajouter d'énormes caisses. Une ligne de conduite musicale assez rigoriste où l’effort d'écrémage ramène tout à la force d'évocation pure, au riff dans sa dimension guerrière et au calage millimétré de toute cette dynamique.

Pour le reste, et bien ça mitraille en dolby surround. Après tout, nous sommes ici dans du récit de guerre, dans des grandes histoires d'hivers nucléaires à l'échelle de galaxies entières, de flottes d'aéronefs de trois cent mètres de long qui s'écharpent à Mach-3 pour sauvegarder des empires, pas dans un énième Amélie Nothomb. Et Prime de devenir alors cette machine à images, évoquant les déchirures du Warp et les millions de démons de Slaanesh, de Tzeentch et de Khorne s'en déverser sur des mondes-ruches, avant d'être reçus comme il se doit par des légions surarmées de Space Marines bien en rang. Les bolters hurlent, les corps éclatent et le prométhéum brûle de partout. Dans le ciel ça se déchiquette à coup de bombardement orbital, il y a de la poussière partout, les épées-tronçonneuses rugissent et le grand corps à corps peut enfin être lancé. Une musique qui, à défaut d'amener la victoire, accompagnera tous les primarques des légions de l'Empereur à la gloire éternelle. Tout ça dans un monde où il n'y a que la guerre. Je vous avais dit de ne pas me chauffer.