Mydnight

Myd

Ed Banger – 2025
par Aurélien, le 3 septembre 2025
8

En 2024, on a eu la chance d’avoir le Brat Summer : un concept qui, non content d'asseoir la supériorité de Charli XCX sur la pop des années 2020, avait réussi à créer une ferveur populaire planétaire. En 2025, et dans un monde idéal, c’est le Myd Summer qu’on aurait voulu vivre : un truc qui sonne comme le film terrifiant d’Ari Aster (vous sachez) et qui confirme la formidable épiphanie artistique de Quentin Lepoutre, lui qui, depuis la parution de Born A Loser en 2021, n’est jamais trop resté loin de ses machines, et encore moins des clubs. Mais en bon perdant magnifique, Myd a choisi de sortir Mydnight le 29 août, moment de l’année où les valises sont reparties au garage et où on rêve déjà d’été indien.

Pour ce qui est d’été indien justement, Mydnight a quelques arguments dans sa besace pour l’invoquer à grands renforts de BPM survitaminés. Comme le démontraient les premiers extraits, Myd assume de regarder plus franchement en direction de la piste de danse. Il donne aussi le sentiment de produire mieux que jamais, et expérimente sans sacrifier l’euphorie immédiate d’une bonne boucle sur l'autel de la rigueur. Et si l’étiquette French Touch lui va à ravir, Mydnight parvient à s’extirper de toute cette mythologie pour embrasser des sonorités autrement plus anglaises que son ainé : on pense souvent aux breakbeats ravageurs des Chemical Brothers ("Someone New"), à la house rayonnante de Finn ("The Wizard"), ou au 2-step mutant d’Overmono ("Our Home"). Résultat : c’est varié, frais et catchy.

Mais Myd reste Myd, et c’est aussi sa capacité à faire des pas de côté qui nous fait craquer. Le bougre nous avait déjà prouvé ses talents de songwriting sur Born A Loser, et il confirme ici sa capacité à bien s’entourer pour offrir de très beaux morceaux vocaux, souvent conçus comme des temps morts permettant de s’éponger le front avant de repartir de plus belle. Si le très beau "9 am" (en duo avec la star italienne Calcutta) et le doux-amer "Since You’ve Been Gone" remportent la palme, on constate surtout combien ces beaux trous d'air profitent au fil narratif du disque et permettent à la recette "house music meets indie sleaze" d'être poussée à son paroxysme.

Ce road trip avec le pied sur l'accélérateur, conté par l’un des plus gros cool guys de la musique française, a le charme un peu désuet de ces disques de musique électronique de la fin des années 90 / début des années 2000, capables de séduire tous les publics - y compris les plus exigeants. Difficile de ne pas tomber amoureux de cette house solaire qui prouve que même si Myd reste un homme bien de son temps à travers sa capacité à promotionner sa musique sur Twitch ou à faire du divertissement avec les YouTubeurs préférés de ton petit neveu, ce n’est jamais au détriment de la qualité d'une musique qui se bonifie avec le temps.

Le goût des autres :