moisturizer
Wet Leg
Trois ans après la sortie du premier album de Wet Leg, et au moment de choisir qui allait s’y coller à la rédaction, on n'a pu s’empêcher de se poser la question de ce qu’on en avait réellement retenu (pas grand-chose en fait), et de ce qu’on avait bien pu raconter à son sujet à l’époque (plus aucun souvenir). Comme si ce disque-là devait forcément avoir été important compte tenu de son succès foudroyant, un peu inattendu malgré son efficacité incontestable. Autrement dit, l’engouement s’était-il réellement imprimé dans le temps ?
Après réflexion et réécoute, la réponse est oui. Rien que parce que quand on écoute à nouveau « Chaise Longue » ou « Wet Dream », on se rappelle immédiatement qui en sont les auteures, à quel moment on les a découvertes et pourquoi ces morceaux-là ont fini bien haut au hit parade de nos petits cœurs si fragiles en décembre 2022. Oui, sous ses airs inoffensifs, cet album était redoutable ; sans grande ambition, certes, si ce n'est celle de donner du plaisir – et une folle envie de boire des coups avec des copains.
Aujourd’hui, vu le succès planétaire du précédent, moisturizer débarque flanqué d’une idée préconçue complètement conne qui exigerait que Rhian Teasdale et Hester Chambers nous déplient trois ou quatre Chaise Longue, comme si la recette existait. On n'y est pas, même si on vous parie un bon billet que « catch these fists » ou « CPR » tiendront la route plus longtemps que certains experts à la petite semaine nous le prédisent. Et puis de toute façon, non, elles ne sont pas là pour produire des "classiques". Non, ce qu’elles veulent, c’est avancer à leur rythme, sans s’inventer des ambitions arty qu’elles ne seraient de toute façon pas en mesure de concrétiser, ce qu’elles soulignent d’ailleurs sur « U and me at home » : "Maybe we could start a band as some kinda joke / "Well, that didn't quite go to plan," I say on the radio". C'est aussi probablement dans cette optique qu'elles ont choisi de bosser avec le boss de l’indie Dan Carey (Kae Tempest, Squid) plutôt qu’avec le faiseur de reines Dan Nigro (Chapelle Roan, Olivia Rodrigo).
Même après s’être confrontées à un autre public en chauffant les stades pour Harry Styles, leur fidélité à Domino Records suggère moins l’envie de devenir "les nouvelles HAIM" que "les nouveaux Franz Ferdinand". Un manque d’ambition ? Non, plutôt une volonté de se borner à pondre de bons disques de rock, dont elles veulent être fières, et qui témoignent d'un vrai savoir-faire. Et la mission est accomplie sur moisturizer : il n’y a pas de mauvais titre et certains sons sont mêmes redoutables d’efficacité. Peut-être qu'on ne se rappellera pas l'avoir chroniqué dans 3 ans mais franchement, il aura fait le taf en 2025.