Dossier

TOP ALBUMS 2011

par Jeff, le 3 janvier 2012
  • 11.Go Tell Fire To The MountainWu Lyf

    Quelque part entre la flamboyance des Flaming Lips, le lyrisme exacerbé des premiers Arcade Fire, l'insouciance de Vampire Weekend et le minimalisme froid de The XX se cache l'OVNI Wu Lyf, dont les atouts ne manquent pas, à l'image de la voix éraillée, émouvante et tout bonnement exceptionnelle de Ellery Roberts ou de l'ambiance quasi pastorale qui traverse le disque. C'est bien simple, sur les dix morceaux répartis sur une petite cinquantaine de minutes, il n'y a absolument rien à jeter. On a envie de dire que dans sa catégorie, Go Tell Fire To The Mountain est un indispensable. Mais Wu Lyf étant un groupe tellement singulier, on a bien dû mal à lui trouver des semblables à qui le comparer.

  • 12.The Smile SessionsThe Beach Boys

    Cela faisait 45 ans que l'on attendait la sortie de Smile, album enregistré entre novembre 1966 et mai 1967 par The Beach Boys, juste après Pet Sounds, et jamais édité. Ce disque est très exactement une épopée, un tissage chirurgical d'infimes lambeaux sonores assemblés en une concentration miraculeuse. The Beach Boys, accompagnés de Van Dyke Parks dans le rôle de parolier fou sur certains morceaux, subliment la conception et la perception des codes consacrés de la mélodie, des arrangements et des harmonies vocales. Smile est un album à la fois grandiloquent, précieux (dans les deux sens du terme, "chéri" et "sophistiqué") et incroyablement abouti. Smile toise dorénavant fièrement et à jamais la musique pop.

  • 13.Notre SilenceMichel Cloup

    Notre silence est un album autocentré, intime, où Michel Cloup se livre comme jamais. Mais c'est cette sincérité qui touche et en devient universelle. L'auteur utilise peu de mots, une syntaxe simple, use de la répétition à bon escient. Pas de diarhée verbeuse. Pas d'effets de style. On est encore une fois entre classicisme de la forme et modernisme du propos. Les textes jouent la carte du réalisme, mais Cloup préfère utiliser la suggestion, l'éllipse, le blanc comme non-couleur signifiante. Même si l'on n'est pas pas dans la démonstration, on sent bien que chaque note a été pensée pour aller à l'essentiel. Non on n'attendait pas cet album, mais dieu que ça fait du bien.

  • 14.The Book Of DavidDJ Quik

    DJ Quik réalise un carton plein avec The Book of David. L'album, sincère, malin et parfaitement produit fait mouche et nous permet de retrouver le grand Quik. Aidé par une petite liste d'invités triés sur le volet (Blakkazz K.K. de IInd 2 None, Dwele, Ice Cube, Jon B, Kurupt...), il nous propose un disque tout simplement impeccable. Quik mérite largement son retour au premier plan, redonne ses lettres de noblesse à Compton et balance un amical petit coup de pression à la concurrence. Dr. qui?

  • 15.The Whole LoveWilco

    Wilco joue ici la carte de l'ascenseur émotionnel, comme à son habitude accompagné par des arrangements parfaits, une cohésion apparente, et la voix toujours sans défaut de Jeff Tweedy. Pas question ici "d'album de la maturité" ou "d'album synthèse". Le groupe est en perpétuelle évolution, ne s'envisage qu'en mouvement. The Whole Love est avant tout un album enthousiaste, presque insouciant, mélange entre un entrain d'adolescent et le savoir faire d'adultes avec près de 20 ans de carrière au compteur. Et le mélange est plutôt heureux.

  • 16. Forever Dolphin Love Connan Mockasin

    L'évidence des classiques, tout simplement. Il n'y a rien à dire sur Forever Dolphin Love : on l'aime ou on le quitte, on peut s'en foutre aussi. I like this, you dislike this, peu importe, et tout le reste n'est que mauvaise littérature, vain débat, histoire de goûts. La seule vérité qui s'impose, c'est que ce disque n'est pas du genre à survivre un trimestre ou deux avant d'être englouti dans les tréfonds de la mémoire collective. L'histoire de la pop va devoir en tenir compte. A nous d'inventer le monde qui va avec. Au groupe d'inventer une carrière qui ne fasse pas honte à cet album tenant plus de l'étrange magie que du jeu habituel sur les codes et les références, même s'il est clair que les mecs ont beaucoup écouté Air, Serrge Gainsbourg époque Melody Nelson et sans doute aussi David Bowie, dans sa période maniérée des tous débuts.

  • 17.The OneG-Side

    Ce qui frappe à la première écoute c'est la grande cohésion qui se dégage de l'ensemble. Rien ne semble là par hasard. Les sons, les phrases, les enchainements, tout paraît couler de source. Le travail des Block Beataz (aidés sur certains morceaux par A-Team, DJ Burn One ou encore le prometteur Clams Casino) est vraiment impressionnant. Aux beats aériens et presque vaporeux répondent des mélodies instantanées de violons mélancoliques ou de piano beau à pleurer. Avec cet album dense et unique, la galaxie Slow Motion Soundz compte une étoile de plus et la discographie de G-Side ressemble de plus en plus à un sans-faute.

  • 18.Wordplay For Working BeesLucy

    Plus qu'un simple bon disque de techno, Wordplay For Working Bees est avant tout un monument de froideur, qui se matérialise dans un délicieux univers IDM. Les lignes sont donc instables, à géométrie variable et bien souvent anti dancefloor. Mais cela n'est en rien un écueil puisque Wordplay For Working Bees reste un disque puissant et physique, qui trouve une voie de prédilection dans un concept techno assez originel, où la physique sonore prend tout son sens. Cet album claustrophobe est un monde à part entière, un voyage mental autant que physique, et surtout un des albums concept les plus réussis de cette année.

  • 19.El CaminoThe Black Keys

    Musicalement, la paire Auerbach/Carney est en pilote automatique. Mais ne conduit heureusement pas une vieille bagnole similaire à celle qui illustre la pochette de El Camino. On a plutôt ici affaire à une belle Ford Mustang d'époque, fière et rutilante, du genre à attirer tous les regards sur son passage. Et pour mettre en musique cette armada de singles potentiels ("Run Right Back", "Gold On The Ceiling" et on en passe) ou avérés ("Lonely Boy"), il y a bien sûr un Danger Mouse en forme olympique. On ne peut que se réjouir de voir un groupe comme les Black Keys venir brouter l'herbe des plus gros vendeurs de disques.

  • 20.Gloss DropBattles

    Ce que réussit à faire Battles, ce qui les rend si intéressants et "populaires", c'est arriver à produire une musique à la fois cérébrale et complexe, mais aussi extrêmement jouissive, sexy et oui, on peut le dire, dansante. En somme, une musique qui parle à la fois au corps et au cerveau. Sur ce deuxième album, la formule est reproduite avec succès, dans la continuité mais sans redite, et en prenant encore plus de risques. Après l'écoute de Gloss Drop ce que l'on retient c'est l'énergie, brute et primaire, que parvient à dégager cette musique d'horlogers et de savants fous.