Living On The Edge Of Time

Yuksek

Barclay – 2011
par Aurélien, le 4 août 2011
7

Yuksek était hier un sympathique producteur assimilé French Touch à qui l'on devait le sauvetage du second opus de Birdy Nam Nam et un Away From The Sea fort sympathique, quoiqu'un peu oublié aujourd'hui. Yuksek est aujourd'hui avec Living On The Edge Of Time un miracle électro-pop : prenant le taureau par les cornes, Pierre-Antoine Busson se lance à tombeau ouvert dans un songwriting tout en kicks-snares, en guitares ou en envolées de synthés, et chante même (sans yaourt et en anglais s'il vous plaît!) pour un résultat pas déplaisant, pour ne pas dire carrément excitant par moments.

Le changement est radical et la prise de risque, permanente sur ce nouvel album, mais on sentait venir ça depuis un moment : Away From The Sea avait déjà ses moments de luminosité pop bien coincés entre deux bangers « à la Daft Punk », des moments à tort trop écrasés d'ailleurs, la touche Yuksek se faisant particulièrement sentir sur ces pistes là. Une erreur que ce Living On The Edge Of Time vient corriger de fort belle manière en inversant la tendance par rapport à son prédécesseur sans pour autant trahir la recette qui a garanti son succès : moins de bangers donc (mais un peu quand même) plus de pop songs sur ces onze titres dégoulinant d'optimisme, de bisouïtes aiguës et de claviers 80s. Et on réalise que « On A Train » et ses accents très « Blue Monday » ont plutôt bien annoncé la couleur : les refrains de Living On The Edge Of Time seront catchy au possible, flirtant avec des kitscheries apportant une sacrée dose de soleil à l'ensemble.

Les pistes s'enchaînent comme on s'enfilerait un paquet de Skittles : on à beau tomber sur quelques-unes au goût un peu plus fade (on pense aux poussifs « Say A Word» et « You Should Talk »), l'ensemble nous régale d'un millier de colorants tous plus pétillants les uns que les autres. Retenant les erreurs du passé, on apprécie également beaucoup que l'album se dote d'une réelle structure, alternant sensibilité pop et bien plus électroniqueYuksek ne révolutionne rien ici, mais se réinvente dans des tons qui nous étaient jusque là inconnus, fricotant avec le genre d'électro-pop que l'on pensait réservée à l'Australie, remettant à la mode l'arpeggio sentimental le temps d'un « To See You Smile » en forme de tour de manège avec sa petite amie, expérimentant les longues plages progressives avec un « The Edge » très accrocheur, et terminant l'album en grande pompe avec un « Dead Or Alive » dont le songwriting finement ciselé n'est pas sans rappeller le Damon Albarn de Think Tank.

Au final, le jeu en valait la chandelle : la nouvelle livraison de Yuksek est plus fraîche qu'un mojito sur une plage, plus sucrée qu'une barbe à papa après trois tours d'auto-tamponneuses et assurément plus ensoleillée qu'un mois de juillet passé à Paris. Living On The Edge Of Time est l'exemple type du bon gros album estival, que l'on met au frais neuf mois pour mieux se laisser porter par sa douceur trois mois d'affilée. Et si c'est loin d'être péjoratif, c'est probablement parce qu'on compte bien ne pas le ranger au placard de sitôt.

Le goût des autres :
7 Thibaut 7 Soul Brotha