Celestial Lineage

Wolves In The Throne Room

Southern Lord – 2011
par Simon, le 17 novembre 2011
8

Southern Lord n’a jamais attendu l’arrivée de Wolves In The Throne Room pour connaître la gloire. C’est bien simple, en 2007 le label mythique de Sunn O))) règnait depuis dix ans déjà sur le monde du doom/black metal et autres joyeusetés plus ou moins radicales. Pourtant l’arrivée du duo de Washington a fait l’effet d’une bombe au sein du label, qui justifiait une fois de plus ses talents de défricheurs. Parce que premièrement, Wolves In The Throne Room débarquait sans les accoutrements de moines vaudous, les pseudonymes censés faire peur et surtout virait d’un grand coup de pompe toute l’imagerie satanique qui fait d’habitude les choux gras de la scène. Wolves In The Throne Room joue un black metal qu’on pourrait qualifier de laïc, ce qui ne l’empêche pas de foutre à la rue pas mal de formations lambda.

Car Celestial Lineage possède tout de la plaque de référence. Commençons par les thèmes, les couleurs qui font de ce quatrième album une mine d’or : tout le cahier des charges du genre est admirablement bien intégré dans ces sept titres. La limite entre la singerie et la démonstration de force est faible, mais c’est bien cela qui fait de Wolves In The Throne Room l’une des formations les plus emblématiques du black metal en 2011 : des sections rythmiques affolantes (et c’est peu de le dire), des claviers un poil pathos sur des guitares qui puent la catharsis permanente. Ca double-blast à tout-va, ça grimpe d’étage en étage pour finalement tout lâcher au sommet de la montagne. Et puis cette voix, celle de Nathan Weaver, qui s’insère entre les lignes, gicle son phrasé à mi-chemin entre le chien qui braille et le serpent qui mord, qui n’en finit jamais de terroriser la narration par à-coups.

Wolves In The Throne Room pose un choix qui le démarque à tous les coups du reste de la scène black metal US : sa production léchée. Là où pas mal de formations (on citera XasthurTeeth Of Lions Rule The Divine, Leviathan,…) jouent sur l’effet cradingue pour amener de la terreur, le duo de Washington impose un son clair, épique, infiniment guerrier. Chaque élément se fait entendre à sa juste place, ce qui a pour mérite de mettre en valeur tout le savoir technique des deux frères, et surtout leurs incroyables qualités de narration. Car outre les déluges de feu et d’acier, c’est un vrai régal de s’entendre narrer ce programme à coups de voix féminines (on pense parfois à certains moments de Menace Ruine), de field recordings divers, de carillons et d’une maîtrise certaine du genre ambient. 

Celestial Lineage éclate donc la concurrence pendant un peu moins de cinquante minutes, ce qui nous fait regretter que ce disque soit le dernier du groupe, sous sa forme actuelle du moins. Et vous l'aurez compris, on tient là un disque essentiel qui clôt un des plus beaux chapitres du black metal contemporain. Un véritable must-have.

Le goût des autres :
8 Michael