QLF : Que La Francophonie. L'observatoire du rap (en) français #55

par Yoofat, le 2 novembre 2023
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À intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.

okis - J'arrive

Vrai pélo de Lyon, okis lâche un morceau puissant pour l'annonce de son premier album, Rêve d'un rouilleur. Okis dépeint la vie authentique d'un gone avec une écriture et un flow très techniques.  L'intensité monte tout au long du morceau magnifiée par la prod' de Mani Deiz. Comment ne pas se réjouir que son premier album soit entièrement produit par ce dernier.

Landy - Encore plus

Voilà plus de cinq ans déjà que Landy grimpe petit à petit les marches devant le mener au statut de star de la chanson française. Cependant, le bilan est assez triste : Malgré une énergie sympa et des chiffres flatteurs (sans doute un peu boosté par des robots indonésiens, car il est louche de voir un clip avec plus de 700k vues avoir moins de 250 commentaires) le natif de Saint-Denis n'est toujours pas parvenu à briser ce plafond de verre pouvant l'approcher du niveau des Aya Nakamura ou des Gims, loin de là. Il faudra faire beaucoup moins de morceaux comme "Encore plus", trop simple et trop plat pour être véritablement marquant. 

S. Pri Noir - Bonsoir Paris (Mama No Cry) avec Tiakola

Les deux premiers albums de S. Pri Noir ont été décevants. Le deuxième extrait de son futur troisième album, La Cour des Miracles, est plus enthousiasmant, mais pas assez pour pleinement nous satisfaire lorsque l'on connait le niveau de rimes du rappeur parisien. Le prochain album de Malick Mendosa sera-t-il enfin à la hauteur de son immense talent ? Quoiqu'il en soit, ne boudons pas notre plaisir pour autant car, quels que soient les qualificatifs qu'attribuera la postérité à sa discographie, l'élégance et l'attitude avec lesquels S. Pri raconte son Paris dégénéré fascine toujours autant. Avec un refrain de l'homme du moment en supplément, il y a des chances que ce titre aille chercher quelques certifications dans les semaines à venir. 

Ronisia - Joli coeur

Sur "Joli coeur", Ronisia se situe à mi-chemin entre la ultimate girl next door et la femme fatale, entre la meilleure copine et la séductrice un peu coquette. Dans cette ambiance afro-caribéenne chaude et lascive, la chanteuse d'origine cap verdienne s'épanouit de plus en plus et vise systématiquement en plein dans notre corazon. Quelle précision !

Le Ash - Cigarette

Deux ans après notre première mention du rappeur Le Ash dans un QLF, l'impression que nous donne le morceau "Cigarette" est sensiblement la même que notre jugement antérieur : si on aime beaucoup le morceau à cause de la prod' du chef étoilé Astronote (joue-là comme 9th Wonder), on a du mal à véritablement apprécier le rappeur, dont les lignes vantent la défonce en allant un peu dans tous les sens. L'interprétation laidback nous rappelle plus le morceau de salade de Kemar que la Chronic de Dr. Dre et Snoop Dogg.  

Cinco - JNJA

Dans un clip à l'esthétique très américaine, Cinco impressionne par son delivery et son talent de narrateur. Les images s'enchaînent, aidées par un clip inspiré, faisant plusieurs clins d'oeil à d'autres réalisations d'outre-Atlantique. Ne jamais s'arrêter : Mentalité Nipsey Hussle pour l'un des rappeurs les plus Américains de l'hexagone. 

 

Freeze Corleone - Voldemort

Freeze Corleone c’est comme le poulet rôti du dimanche midi chez tes darons: peu de surprise mais toujours du kiff. Ekip thermostat 6.

Zed Yun Pavarotti - Girlfriend

Bon, Zed Yun Pavarotti ne fait vraiment plus de rap, mais le bougre a toutefois su séduire des amateurs de schémas de rimes complexes et les embarquer dans son aventure pop rock. De rap, on ne retrouve absolument rien, si ce n'est les face tattoos à la Lil Wayne. Dans l'écriture, Zed Yun excelle pour raconter avec une passion dissimulée le sentiment amoureux, et le chante presque avec retenue. Sa promenade solitaire dans les rues en briques de Manchester soulignent joliment l'ambivalence de ce morceau.

Take a Mic - No Skip

Dans un monde où enchaîner barz sur barz ferait de vous une star, Take a Mic ne serait pas loin d'être Beyoncé. Heureusement pour Jay-Z, le pyrotechnicien de Eddie Hyde n'est qu'un rappeur exceptionnel sans les spotlights qu'il mérite et qui, semble-t-il, a fait le choix de gâter les énergumènes comme bibi, sirotant ce genre de morceaux comme un grand cru bordelais. Après presque deux ans d'absence, le rappeur du Val-de-Marne n'a rien perdu de sa superbe. Vivement la prochaine dégustation. 

Jewel Usain - Eleanor avec Prince Waly

Clip de l'année : Check
Film de l'année : Check 
Collaboration de l'année : Check 
Album de l'année ? Où les garçons grandissent de Jewel Usain est sorti ce vendredi 27 octobre et ressemble à ces disques qui gagneront en valeur sur la durée, à l'instar de Moussa du Prince Waly. Si vous n'êtes pas convaincus, regardez le clip de nouveau, bon sang !   

Bonus : TIF - Live Session 1.6

Si l'album de l'année n'est pas celui dont on vous parle juste au-dessus, le très rafraichissant 1.6 de TIF pourrait faire un excellent lauréat, bien que présenté comme un EP à la base. Chaud, inspiré et versatile, cet excellent projet sorti en mars se dévoile dans une session live où s'invitent également soleil, limonade, sourires et maillots de l'Algérie. A moins que vous ne balanciez Mon Voisin Totoro dans la foulée, on ne prend aucun risque à avancer que vous ne verrez rien de plus réconfortant que cela aujourd'hui.